Bonjour à tous.
Il y a un peu moins de 3 semaines, j'ai expérimenté un état de conscience fort désagréable sous
truffes magiques. Ayant ingurgité un peu trop de citron avant ma prise, j'ai recraché, à la fin des effets visuels, le peu de
truffes qu'il restait dans mon estomac. A ce moment, les effets psychiques se sont déclarés. J'irai à l'essentiel.
J'ai souvent pu lire qu'avec les champignons ou le
LSD, on pouvait ressentir une forte connexion avec ce qui nous entour, et avoir l'impression de comprendre le sens profond des choses. J'étais pour ma part seul. Cet état de compréhension est venu à moi, j'avais trouvé pourquoi chaque action était faite, enfin ce que je croyais être une trouvaille. Tout ça n'avait aucun sens, mon esprit fatigué à juste fait le rapprochement entre tout ce que connaissais. Un biais cognitif surpuissant.
Il n'y avait rien à retenir ici, car il n'y avait aucune information nouvelle. Un danger planait cependant, et je ne m'en suis rendu compte que le lendemain.
Croire qu'on sait. Le pire danger pour la pensée. Voir en ces "révélations du tout" une leçon de vie me paraît plus que déraisonnable. J'étais délirant, je croyais tout savoir. Et la pire chose de toutes : je pensais avoir LES réponses juste en supposant. J'ai horreur, mais c'est personnel, de l'incohérence dégagée par la révélation lorsqu'elle n'a pas de fondement (en particulier les signes astrologiques, mais surtout les calendriers dérivés avec des traits de personnalités bien fixes et larges associés aux dates de naissance). En y réfléchissant, ce "tout" ressemblait un peu à ça.
L'élément déclencheur de tout ceci : une légère mort de l'ego. J'ai oublié, pendant quelques minutes, comment faire passer le temps. Comme si la pensée seule ne suffisait plus. Un sacré vertige. Impossible de mettre le doigt sur comment je m'étais retrouvé dans le présent.
Et donc, cette maudite
stigmatisation. Comme si les secrets de l'univers étaient aussi simples que le fait de me dire que je sais que je fais les choses de manière consciente. D'ailleurs, quand je me suis rappelé de ma conscience, tout me parut chiant. Comme déjà écrit. Je fuis d'ordinaire ces idées comme la peste.
Il n'y a, à mon sens, rien de beau là-dedans. Cette boucle de pensées, qui me fait dire que je sais maintenant pourquoi je suis arrivé là, applique cet état d'esprit au reste du monde. "Vu que je sais pourquoi j'agis, je sais pourquoi les autres agissent." Rien que de l'écrire, ça m'irrite un peu.
Pour finir, je dirai que c'est ma plus grande peur sous
psychotropes : être persuadé par moi-même, sans fondement, par pur croyances et liens de causalité. J'ai un exemple tout con qui me vient. Mon père lisait pas mal de choses sur l'alchimie et les pyramides. A un moment il vient vers moi, avec un livre sur l'alchimie, et me dit : "Tiens regarde, je t'en avais parlé. L'élément du feu est représenté par une pyramide". Je lui fis remarquer que c'était, dans son bouquin, un tétraèdre et non une pyramide qui représentait son élément du feu. Il avait créé des liens car il voulait croire à certaines choses, les affirmer, les confirmer. Et au final, j'ai plus eu l'impression qu'il confinait son esprit, quitte à appeler un chien un chat. Et je ne pense pas que c'était volontaire de sa part.
Voilà, merci de m'avoir lu.
Judas des oranges