23 Novembre 2016 : Faiblesse
Huit heures.
Le réveil sonne. Mon ventre est vide. La préparation est prête, elle m'attend sur la table. Je la bois. Je ne mangerai pas avant quatorze heures. Je me dois d'apprécier ce maigre repas. Je le sais. L'amertume n'est plus qu'un lointain souvenir.
Neuf heures.
Je me douche. Je démêle mes cheveux. Un enfer, comme à chaque matin. Je me brosse les dents. Je me force à regarder dans le miroir, et j'y vois une loque, maigre, triste et inférieure. Je me frappe.
Il est temps d'y aller. Je suis incroyablement lent, balourd. Mes mouvements sont ridicules, inutiles, vains. D'apparence placides, mes gestes sont pourtant nerveux. Je descends les marches, non sans peine. Je croise mon voisin, que je dévisage. Je manque de me casser la gueule dans les escaliers. Quel corps faible...
Dix heures.
Je passe la porte de l'immeuble. Je traverse la rue froide, grisonnante. Affronter le regard des passants est une rude épreuve. C'est la paranoïa. Je le sais. Je suis conscient de ma stupidité, de mon aveuglement. Pourtant, rien n'y fait. Quel esprit faible...
Je me regarde dans la vitre des bagnoles, je vois un mort-vivant.
Je prends le tram. J'ai du mal à respirer. Je suis oppressé. J'ai la nausée. Je suis en nage. Je me sens comme de trop. J'ai envie de sortir mais je ne peux pas, il est déjà trop tard. Pas grave, ce n'est que cinq minutes. Ma faiblesse voudrait que ça n'en fût qu'une.
Catégorie : En passant - 23 novembre 2016 à 22:30
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