Hello Miky.
Pour avoir un peu suivi ton parcours, via tes posts, on sent que tu as tout ce qu'il faut en toi pour continuer d'avancer.
C'est clair, être UD, et avoir été en décalage, un certain temps, avec ce que la plupart des gens considèrent comme une façon adéquate de construire sa vie ; tout ça freine probablement ton évolution. Parceque les idées reçues ne changent pas, mais toi, tu changes. Même si certaines personnes pensent qu'être UD est une maladie incurable, qu'un UD n'est pas fiable, manque de volonté ; on te mettras des freins, et certains se réjouiront du moindre écart, les confortant dans leur conception des choses. C'est clair qu'affronter la méfiance, le jugement, s'avère épuisant moralement, et peut-être qu'on attendra plus de ta part que de quelqu'un qui s'est toujours conformé au rôle qu'on lui a attribué.
Donc c'est normal, à mon sens, d'avoir des doutes, d'être fatigué, ou d'être un peu découragé. Ca arrive aussi à des personnes qui ont un train de vie confortable, qui ont fait "tout bien comme il faut", et qui ne comprennent pas pourquoi ils ne sont pas épanouis.
Tu as l'air d'être quelqu'un qui a une certaine energie vitale ; de ce que j'ai lu, tu n'as pas eu une vie de tout repos, et tu t'es donné les moyens de retomber sur tes pattes ; de te donner des objectifs, et de canaliser cette energie pour te donner les moyens de les atteindre.
J'espère que tu auras le soutien que tu mérites, et tu peux me croire, chaque étape de ton parcours, même si t'en auras un peu plus chié, bah ça te regonflera, et tu pourras te sentir fier. Pas de t'être "réinséré" , mais d'accomplir quelquechose que tu as choisi, qui correspond à tes valeurs (ça, je sais que t'en as, et des valeurs bien plus humaines que beaucoup de personnes qui rentrent dans le moule) , et qui donne sens à tout ton parcours, même les moments les plus durs.
Je vais te dire un truc : j'ai été UD pendant toute ma formation d'infirmier ; évidemment, je le criais pas sur les toits, mais ça m'a fait galérer, de me battre avec ma polytoxicomanie, en plus d'assurer pour la formation et les stages (et c'est une formation difficile à la
base ; faut pas être un génie, mais humainement, moralement, c'est difficile pour tout le monde.) Alors j'ai pas été l'étudiant idéal, je me suis demandé si ça en valait la peine, j'ai failli me barrer plusieurs fois. Pour une formation qui dure trois ans normalement, j'ai mis presque cinq ans à avoir mon diplôme. J'ai eu la présence d'esprit de faire un report de six mois, qui m'a permis de gérer la dernière ligne droite. Bien sur, l'école et ma responsable ont jamais su que j'étais UD, mais comme j'ai une façon d'être un peu différente, ma responsable a été persuadée jusqu'au bout que ... je fumais plein de
shit. Ca lui allait, parceque ça expliquait selon elle les difficultés que je pouvais rencontrer (oui, quand je me réveille en plein manque, que je peux pas bouger de mon pieu sans douiller, ben je me met en arret. ) dépendance aux
opiacés ? injection ? ça lui a surement pas traversé l'esprit, tu vois, mon cerveau aurait déja fondu, avec tant de débauche!
J'ai été obligé de venir taffer en manque, parceque tu valides pas un stage si t'es en arret tous les deux jours, forcément ... donc je prenais sur moi, je tirais la tronche forcément ; sauf que pour avoir un bon rapport, si tu fais pas copain copain avec l'équipe, faut bosser comme une machine. Et sous opi, j'étais mieux socialement, et j'assurais bien le taf. Bilan : mon tout premier stage, je prenais encore rien, j'y suis allé "comme je suis" , je me suis fait allumer. Milieu de formation : j'essaie de limiter ma conso, je fais le taf', mais pas l'énergie pour avoir l'hypocrisie de faire la causette avec une équipe imbuvable : je me fais allumer. Autre stage, en consommant tous les jours, pluie de compliments.
Tout ça pour dire, j'en ai chié, j'ai mis du temps, j'ai même été obligé de masquer des traits de personnalité, ou de refaire un peu ma garde robe. On m'a même dit, presque mot pour mot, de laisser ma personnalité au vestiaire. Mes piercings, on m'a convoqué pour ça ; pourtant c'était soft, moins d'une dizaine, et pas ultra voyants, exclusivement sur les oreilles. J'ai même fini par céder la dessus, partiellement.
Mais comme j'étais fier le jour du diplome ! épuisé, parce quand on te persuade pendant 5 ans que t'es pas à ta place, c'est pesant. Mais je les ai bien niqués, et je sais que je le mérite, parceque dans tout ce qu'on m'a reproché, on a jamais remis en question mes compétences, juste d'être un peu trop moi-même.
C'était juste un exemple détaillé, pour te dire que tu les auras, tes victoires, tes fiertés ; parceque tu vas passer outre les moments de galère ; peut-être qu'il faudra faire des compromis, ou des efforts aux plus mauvais moment, mais tu peux pas gâcher tous les efforts que tu as déja fait, si tu es persuadé d'être dans la direction qui te correspond. Et je vais te dire, quand j'entend parler certains pros du monde médical, quand ils sont pas devant un patient, je t'assure que si leur intolérance, leur connerie, leur méchanceté, leur cruauté, si ça se voyait autant qu'un piercing au milieu du nez, y'en a un bon paquet qui mettraient pas le pied dans une structure de soins.
Et ton parcours de vie, même s'il a été compliqué, ça te sera utile un jour, et au meilleur moment, parcequ'il y aura peut-être que toi qui aura l'expérience pour comprendre certaines situations. Combien de fois j'ai fermé ma gueule, quand une dizaine de soignantes balancaient des choses ignobles sur tel ou tel UD. J'ai fermé ma gueule, sinon c'est un suicide professionnel, en tant que stagiaire ; mais en gardant bien en tête qu'une fois titulaire, j'attend de pied ferme le premier qui se permettra de rabaisser les UD. A qui tu fais le plus confiance : un pro qui te fait un joli sourire, mais te traite comme un sous humain la porte fermée, ou à un mec humain et entier, parcequ'il a connu autre chose que le confort, et qu'il a eu l'occasion,en ne suivant pas le troupeau, de développer ses propres valeurs ?
Bon, en tout cas, l'hiver est pas la meilleure periode pour se réchauffer le moral. Mais je suis sur que, ne serait-ce que via PA, tu trouveras un peu de soutien si t'as besoin. C'est une bonne solution de ne pas laisser trop d'énergie pour t'occuper de PA, si tu en as tout juste assez pour pousuivre ton objectif. Mais comme je disais, j'suis sur que tu continueras de faire les bons choix ; et si après ta formation, dans ton taf, tu es amené à aider ceux qui en ont besoin, alors tu auras la chance de faire un job qui te demande de donner beaucoup, mais ou tu reçois au moins autant (je parle évidemment pas de thune, même si ça aide ...)
Bon courage, ciao!
YLT