Un soir, Pad enfila son costume de louve
Elle s’énerva une fois et puis une autre fois...
et puis une autre fois...
"MONSTRE" lui dit son copain.
"JE VAIS TE GOBER" répondit Pad.
Et elle se retrouva enfermée dans la chambre
sans rien avoir gobé du tout.
Ce soir-là, une forêt poussa
dans la chambre de Pad.
D'abord un arbre,
puis deux, puis trois,
des lianes qui pendaient du plafond,
et au lieu des murs,
des arbres à perte de vue.
Un océan gronda,
il portait un bateau
qui attendait Pad;
elle navigua nuit et jour,
Elle navigua pendant
des semaines,
elle navigua plus d'un an
pour arriver au pays
des padimonstres.
Les padimonstres roulaient
des yeux terribles,
ils poussaient de terribles cris,
ils faisaient grincer leurs terribles crocs
et ils dressaient vers Pad
leurs terribles griffes.
"SILENCE", dit simplement Pad.
Elle les fixait, tranquille,
droit dans leurs yeux jaunes;
pas un seul de ses cils ne bougeait.
"Vous êtes terrible, vous êtes notre reine."
"Nous allons faire une fête épouvantable", déclara la reine Pad.
.....
.....
.....
"ça suffit", dit Pad brusquement . "Vous irez au lit sans gober."
Pad, reine des padimonstres, resta seule.
Une envie lui vint d'être aimée terriblement.
De loin, très loin, du bout du monde,
lui venaient des odeurs de choses bonnes à gober.
Pad renonça à être reine des padimonstres.
"Ne partez pas, ne sous abandonnez pas.
Nous vous aimons terriblement,
nous vous goberons."
"Non", dit simplement Pad.
Les padimonstres roulaient des yeux terribles,
ils poussaient de terribles cris, ils faisaient grincer leurs terribles crocs
et dressaient vers Pad leurs terribles griffes.
Du bateau qui portait son nom, Pad leur fit un petit salut.
Elle fit voile à nouveau.
Elle vogua le matin, elle vogua le soir,
les jours étaient comme des semaines
les semaines comme des mois
Mais au bout d'un an et un jour
elle accosta enfin en pleine nuit,
dans sa propre chambre,
où elle trouva son
dicodin qui l'attendait.
-Tout chaud-
largement pompé sur Max et les maximonstres de Maurice Sendak