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Pensées nocturnes 3 - Docteur aux Philippines 



Nocturne car les idées viennent plus vite la nuit tombée, l’esprit altéré.
Troisième histoire fictive avec instants autobiographiques, poétiques et idéologiques.

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Un soir d’été, j’avais été interné de force en HP sous l'influences de psychédéliques après avoir questionné des policiers sur leur exercice systématique du monopole de la violence légitime.
D’autant plus qu’ils m’avaient appréhendé nu sous mon manteau léopard, promenant du bout d’une épaisse tresse en cuir un homard remplit de mégots.

La santé mentale du docteur avait était une fois de plus remise en question.
Je lutte pour chasser ce souvenir atroce du courant de ma pensée tandis que l’atterrissage approche. 
La chute parait infinie et je tombe sans amortisseurs.

...

Il peut être bon à savoir que le paranoïaque ambulant est parfois victime de déréalisation millimétrée.
Cette sirène d’alarme est un vacarme clignotant sur le tableau de bord de mon psyché.
Trop de volonté de contrôle, ce qui, après échec de contrôle, aboutit à trop d’anxiété.

Il n’y a que les hallucinations sensorielles qui sont plus déroutantes que des hallucination auditives.
Satellites de surveillance, hélicoptères ronronnants, sonneries des télécommunications, sirènes d’ambulance, alarmes incendie, toquage de porte intempestif.
Tous bruit était devenu suspect, et à son écoute il fallait se demander s’il était réel ou perçu.  Quelconque ou menacant.  Vécu ou imaginé.

...

Dépêché au Philippines par le Consortium de Journalisme Alternatif, je suis rêveur et ravi à l’aéroport que ni mon pinceau ni ma tignasse n’aient attiré l’attention sur le contenu hautement répréhensible de ma précieuse mallette. 
L'atmosphère est tropical.  Je transpire mes toxines et mon mal.
La séance taxi autochtone qui s’en suivit fût une arnaque mais je ne m’en plaint guère, ce sera pour la fiche de frais du CJA.

Enfin arrivé dans ma suite, je me demande quelle peut bien être la suite,  des événements.
D’abord une trace.  En diagonale.  Toute de suite.
À quatre pattes.  Sur le baldaquin.  Mais ensuite?

Se rendre aux thermes pour rediscuter les termes du contrat? 
Non mon sang est trop épais pour ce genre de sauterie.

Il faudrait plutôt se rendre chez mon contact local, histoire de remplir les cendriers et refaire le monde grâce à notre régime nocturne préféré.
Plusieurs pipettes d’eau de pluie polluée, une pluralité de pamplemousses pulpeux, et plein de poudre de perlimpinpin.
Après quoi il faudra se mettre au travail et à la fantaisie.

La vraialité n’a pas eu le temps de se faire attendre que je me suis déjà kétapulté dans un nouveau taxi local. 
Les dents grinçantes, le coeur battant.
La voiture n’est même pas parti que déjà je tend une liasse au chauffeur.
Comme si anticiper une douille était plus noble que la subir.

Kétastrophe.  Je vais être en retard.
En docteur avisé, j’ai sous-estimé le trafic routier intense qui régit une mégalopole asiatique humide à l’urbanisme galopant. 
Une autre diagonale ne peut me faire de mal même si elle risque d’éveiller les doutes du chauffeur. 
Un gonze tatoué qui n’a pas l’air commode, et qui a interval régulier me guette dans son rétro.
Tant pis.  La poudre rejoint mes sinus dans un fracas de fermetures éclairs.

Kétaclysme.  Tandis que stagne la voiture, les apparitions métaphysiques s’entremêlent au brouillon.
Soudain, c’est sûr.  100% sûr.
Il y a une présence malveillante dans le bâtiment bleu à quelques mètres de nous.
Des flics en planques peut être.  Ou bien des dealers d'informations qui ont l’illusion de voir en moi une concurrence solide. 
M’ont ils en visu?  Ou bien est ce moi qui ai des visus?
La voiture derrière aussi est suspecte.  Depuis combien de temps nous suit elle?
Il y a une camionette beige aux vitres teintés.  Des hommes armés de seringues souhaitant me kidnapper pourrait en sortir à tout moment.
Est ce que mon chauffeur est avec eux?

D'un sursaut, après avoir jeté une poignée de billets inconnus, en baragouinant une langue inconnue, à un chauffeur tout aussi inconnu, je m’éjecte du taxi.
Dans l’urgence mon cerveau turbine.  Décadence, la seule qui m’anime.

Une propulsion initiale me fait sautiller de quelques centaines de mètres, je double les voitures pleines de types seuls qui font du surplace.
Mais très vite, entouré par des cercueils roulants colorés avec soin, mon souffle se tarit dans un brouillard de particules fines.  Cauchemar de klaxons.

3 minutes plus tard, j’ai troqué ma machine à écrire, une affiche de kill bill et un flacon d’acide contre une moto qui peine à avancer à plus de 35km/h.  C'est absurde.
Au moins je mets de la distance entre ma personne et la menace.  Est elle perçue ou réelle?  Ma personne ou la menace?

J’ai beau être impuissant face au relativisme culturel, la signalétique fonctionne: d’une certaine manières les locaux parviennent à m’orienter et je parviens à leur exprimer ma gratitude.
Ma destination n'étant pourtant distante que d'une dizaines de km, j'ai mis 2h à l'approcher indirectement.  La paranoia furtive m'a ralentit.

En quittant le dense brouhaha ambient pour ré-émerger dans un quartier fermé à la végétation luxuriante, je suis sidéré par l'écart de richesses établit entre les gratte-ciels, les bidonvilles, les villages fermés et les country-clubs.
Je ne me sens pas en sécurité avec des gardes armés, mais c’est le cas des gens de ce quartier, qui à d'ailleurs tout pour plaire aux conformés qui ont bien brassés.

Enfin devant la maison de mon contact: légèrement à l’écart, c’est une étrange demeure de démesure.

On aurait pu croire à un bordel cacophonique, mais il est tôt dans l'après-midi.  Les esprits volatiles viennent tout juste de s’assoupir.
À mon grand malheur de docteur.  J’imaginait la fête décadente et tout juste commençante.

Une multitude de corps semi-dénudés, semi-endormis est à peine recouverte par les rideaux, déchirés à l’occasion.
Dans la piscine, des flamants roses, ainsi qu'un atropinique égaré qui divague sur sa réalité cosmique et ses échanges télépathiques.
D’innombrables débris perturbants, synthétiques et naturels jonchent le marbre cyan et leur entassement est créateur de totems lugubrifiants.

Un mur sur deux est un miroir, l’autre est un aquarium.
Les aquariums, d’un marine sombre, sont interconnectés grâce à de larges tuyaux en PVC courant à travers les pièces.
De somptueuses méduses fluorescentes illuminent faiblement cet espace aquatique neutre, se pavanant d’un calme olympien, à la recherche d’une issue de secours.

Le contact est éveillée.   Toxique et pâle mais éveillée.

« Bon.. Le CJA m’a dit que tu saurais me briefer? »

En guise de réponse elle me tend un télégramme envoyé par la direction lui indiquant:
« Nouvelle mission pour toi.  On t’envoie le docteur K.  Il saura te briefer »

Confusion bestiale. 

« Je vois… Ben je suppose qu’on va devoir cravacher à la poupoudre pour pondre un échantillon lisible. »
« Tu supposes bien, ils ne t’ont pas envoyés pour rien. »
« Que veux tu dire? »
« C’est une expérience, tu es surveillé.. »

As-tu réellement dis ces mots?  Ou les ai-je seulement entendus?

Ciel, la panique revient à quinze mille.  Le mental turbine.  Urgence.  Alarme.  Panique.  Sirène.  Nhélicoptère.  Toq Toq.  Bang Bang.

« Ptites traces avant de se mettre au boulot? »
« Volontiers! »

Nos comportements inexpliqués, n’expliquent un monde inexplicable.

Catégorie : No comment - 08 février 2018 à  21:26



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