A force d'écrire ici j'ai commencé à évidemment échanger sur les drogues, puis petit à petit et venu s'installer l'envie de parler de ce qui tourne autour des drogues donc moins sur le factuel et plus sur les émotions, forcément subjectives... alors j'ai vu qu'un blog se présentait, autant se servir de ce format afin aussi d'éviter de trop polluer le forum d'informations qui n'en sont pas.
Il y aura des redites par rapport à certains posts posés ici, tant pis, autant reprendre depuis le début.
Aujourd'hui je suis âgé de 44 ans avec un milieu familial stable, deux enfants, un métier stable, bref un portrait social que l'on peut qualifier de "cadre moyen urbain". Je n'ai jamais eu de drame personnel, ni même de traumatisme particulier. Sinon une jeunesse compliquée avec un très fort rejet de l'autorité et une capacité à me détruire non sur mon corps mais par exemple dans l'univers scolaire, tout abandonner, fuir et détester les profs, leur démontrer que je pouvais avoir 18/20 de moyenne et le trimestre suivant 3/30.
Évidemment personne n'a rien vu de ce rejet sinon celui d'un petit con, paresseux et fumiste, bref la psychologie des années 80, stériles et médiocres des profs de mon collège public.
Pas de fugue, pas de blessure, pas de trauma sexuelle ou si peu. Finissons rien qui puisse m'entraîner vers une longue et difficile aventure vers des drogues dures.
J'ai été diagnostiqué bipolaire (unipolaire précisément) mais... 25 ans après (donc il y a 6 mois...).
Sportif et en bonne santé.
Les premières drogues furent comme beaucoup d'entre nous : la
weed, sauf que j'étais super paresseux pour rouler et la
weed je n'ai jamais vraiment aimé. Elle me rendait parano et pire, à forte dose j'ai eu des crises d'épilepsie. Puis étant plutôt d'un caractère fêtard et unipolaire donc, pour mois la défonce ne pouvait être que festive, récréative mais dans le sens du rire, de l'émotion et de l'empathie. Donc la
weed m'orientait plus vers une forme de trip trop introspectif et détaché du monde, et trop ancré dans des réflexions cérébrales parfois paranoïaques et obsessionnelle, ruminante : sauf à l'écoute de musique ou là je pouvais m'accrocher à un monde riche et structuré ou barré selon, mais dans un mode "appartement" à discuter : c'était une soirée passable pour moi voire désagréable.
L'
alcool évidemment comme
base, mais doucement car j'avais vite le foie qui réagissait et je n'encaissais pas, donc pour moi c'était vomir, j'ai gâché trop de soirées comme ça donc j'ai su assez souvent gérer cette drogue.
Le graal vint vers mes 20 ans, avec en plus le démarrage de l'époque techno, tout d'abord de manière intimiste en Belgique (je l'ai fait deux fois car mes cousins habitaient là-bas), c'était l'époque de la new beat, soit, désolé pour le coté péjoratif mais mes péquenots de cousins de l’Aine qui m’emmenaient dans des clubs avec des mix qui duraient toutes la nuit, alors qu'à Paris on passait encore du Nirvana, du Depeche mode, du rage againts the machine etc... là il y avait des dj qui enchaînaient des moments de dingues...sans interruption, des phases de 20, 30 minutes de changement de timbre, répétitif et avec une notion de transe jouissive.
Il y a eu aussi quelque teuf en forêt en île de France, mais toujours un son assez "fusion/rock/reggae/sound system".
Et vint ce qui à mon sens fut une révolution de la teuf : les premiers club techno dont le rex club (vers 96-97 pour moi).
Et la
mdma.
Tour ceci fut aussi lié avec l'autre révolution encore plus monstrueuse : internet, les forums, donc les rencontres. Pensez à la période 97-2004.
Prendre son premier excta dans un univers techno comme le rex club avec de bons dj, et avec de bons amis qui sont aussi perchés que vous, et même plus de la moitié de la salle tout aussi perchés c'est comme découvrir une nouvelle galaxie, vous vous retrouvez dans un monde d'une jouissance délirante, c'est simple, ce fut une révélation. Physique, cérébrale et émotive.
Je détaillerai tout ceci dans d'autres post.
Donc la
mdma qui entra dans ma vie et de façon assez modérée. Mais très rapidement l'existence ne pouvait tourner qu'autour de deux choses : passer la semaine et démarrer dès le vendredi soir pour tout se retrouver en appart (le terme before vint plus tard), d'arriver un peu éméché en club, de s'envoyer le
taz puis au fil des années de se finir en after, parfois à l'enfer vers Montparnasse ou aux folies pigalles (quoique un peu glauque), sinon dans des petits clubs souvent bi où l'ambiance se résumait à du grand nawak, des dealers partout, de la drague dans tous les coins, des videurs complétement dépassés mais hyper gentils (des africains souvent) qui te font la morale quand tu gobes ton
para, c'était des bars version "la guerre des étoiles" avec des extraterrestres partout. et vers la fin (ce que j'aimais le moins finalement, les week end marathon).
Arrivée à ce stade le coté festif vira a une forme de désocialisation, trop de
mdma (on ne connaissait pas encore le rapport à la
sérotonine et les
rdr), aux arrêts maladies répétés, aux angoisses, puis aux premières dépression.
Il y a eu aussi la découverte des champignons à fortes doses dés le départ (8 à 10g...délirant) et du
LSD. A moindre mesure des petites traces du genre "sociale" de
coke souvent en début de soirée, d'ailleurs je n'y voyais aucun intérêt, car elle n'était pas assez forte.
J'ai stoppé net car je me savais au bout, puis j'étais épuisé. De plus j'ai eu une envie terrible de me barrer dans le sud, chance et hasard, j'ai rencontré sur Paris une femme charmante qui habitait vers Aix en Provence, j'ai trouvé du tafe à Montpellier et je suis partis, ou plutôt j'ai fuis Paris que je ne supportais plus.
Donc arrêt brutal de ce type de drogue. Immersion dans le sud puis rapidement dans la campagne environnante. Forcément ce fut un bonheur incommensurable d'être sous ce soleil (j'ai démarré en Juin), de vivre de pas grand chose, d'être plongé en plein maquis, heureux comme tout. LE soir je m'enivrai d'air chaud, du chant des grenouilles et d'une sérénité troublante.
Rupture, passage ma belle femme actuelle vers Barcelone (fabuleux), puis retour sur Montpellier... puis sur Paris.
Paris fut synonyme rapidement d'une vie plus stressante et du retour des sorties... retour de la
mdma mais de façon très rare par contre exagérée (4 à 6
para par soirées), là j'ai découvert les surdoses et la peur de crever d'un AVC (tellement ça tapait fort avec des acouphène de dingue) et j'ai aussi stoppé net.
Vint le premier enfant.
Vint aussi peut-être le moment que je regretterai le plus dans ma vie : la
cocaïne. Je n'en parlerai pas dans ce post mais elle ne m'apporta que 20% de bonheur et le reste que de la gestion de
descentes, de nervosité, de dépendance psychique forte, de grand n'importe quoi, d'une culpabilité monstrueuse et d'une haine du produit et de soi pendant les
descentes assez intenses. Cela à duré six années avec une consommation plus poussée les deux dernières.
Mais j'ai gagné le combat, j'en suis sortie en puisant dans une forme de désir de survie, j'ai un un psy, mais aussi en tapant fort sur mes connaissances, soit je l'ai ai virées de24 mois pendant 24 mois de mon existence. Et de façon brutale.
24 mois passant. Je suis revenu très modérément vers la
coke plus pour faire goûter à ses amis (après maintes excuses de la forme brutale de ma rupture), revus donc, de la super
coke du Dark Web afin qu'ils comprennent que celle de Paris - quoique meilleur aujourd'hui - était vraiment pas terrible. Je leur avais tellement parlé de la
coke sur Barcelone, bien meilleure, donc il me fallait le faire tester la bonne
coke. Ils se sont pris un sacrée coup de qualité dans la gueule car oui, elle était excellente, fluide et les
descentes très gérables. 1 gramme de faisait facile 2,5 gramme de
coke Parisienne tant elle était forte.
Puis j'ai à nouveau abandonné la c. Je ne trouvais plus goût à son manque d'empathie, son antipathie même, le rapport plaisir/coût était en ma défaveur.
Et là, un jour, au tafe je rencontre un jeune de 26 ans... on parle surtout techno, teuf, puis un soir il me tend un sachet de
mdma cristal... voilà 10 ans que je n'en avais pas pris. Je file aux toilettex, mesure à vue d’œil et m'envoie dans l'estomac environ 100mg à 120 peut-être.
Tous les collègues un peu fêtards descendent on se retrouve tous dans un bar, bien qu'avant je file dans un autre avec 3 autres dont l'un me racontera son drame familial alors que j'étais en pleine montée, autre histoire, et j'ai tellement apprécié de retrouver la fée joie, la fée bonheur, j'ai passé une soirée d'enfer, je n'ai pas redropé. Pas de
descente, pas de fatigue, pas de troisième jour de spleen.
Et là j'en ai commandé sur le Dark, puis pendant 6 week d'affilé je me suis fait des soirées
mdma en augmentant forcément les doses. Donc actuellement je suis en phase de repos sur deux à trois mois, afin de me recadrer et continuer a apprécier le produit sinon, c'est le dégoût qui va s'installer et des problèmes de santé fort désagréables. Autre post à venir
J'ai repris aussi les psilo, mais c'est plus des expériences qu'un désir de me glisser dans un cocon d'empathie, autre délire.
Voila en substance. Mais prochains récits seront des focus sur telle périodes, telles douleurs, telle joie, tel regret, telle colère, ma vision assez libérale du rapport à la drogue (prévention,
dépénalisation, éducation, soin).
Je n'ai jamais eu le désir des
IV, car pas de personne autour de moi probablement pour m'orienter. J'ai assez confiance en ma capacité à ne pas tomber dans l'addiction, cela dit certainement drogues ne m'attire pas plus que ça, mais je sais que j'essaierai la
came, peut-être un jour la
meth (quoique pas fan des stimulants), on verra.
On peut se dire qu'à 44 ans je devrai être raisonnable et ne plus prendre de drogue. J'en parlerai aussi.
A bientôt