Je suis une rencontre 0.2 

Le mec m'accueille dans un grand appartement. Fraichement divorcé. Photos de ses deux filles sur les murs. Des belles photos en noirs et blanc, comme j'aime.

Comme j'ai dit quand on a discuté sur le net que "j'aimais prendre le temps, boire un verre, discuter un peu, avoir un moment de séduction...", message recopié maintes et maintes fois pour finalement être devenu un copié collé pour me simplifier la tâche, il me propose un verre.
Il me dit qu'il rentre des Etats-Unis, qu'il est en plein jet-lac, qu'il n'a pas grand chose ... Va pour une petite prière 1660.

On échange quelques mots, mais j'ai à peine bu deux gorgées qu'il me demande "on y va ?" en désignant de la tête un autre côté de l'appartement.

Je me dis "Ah, déjà ?" mais c'est vrai que je ne suis pas venue ici pour picoler, alors je réponds "oui".

On va dans la chambre. Timides baisers et caresses.
J'enlève ma robe, il me fait des compliments.
Je le suce et ça ne dure pas très longtemps.
On avait convenu de faire plus, je m'allonge à côté de lui, je sens qu'il est bien, qu'il se sent bien avec moi. Je me dis qu'on va attendre un peu, et quand il sera rechargé on remettra ca.

Mais au bout d'un moment, je comprends qu'il a eu son compte, qu'il est satisfait, qu'il en demande pas davantage.
J'ai l'impression que c'est un peu abusé quand je propose de partir mais en fait, il semblerait qu'il n'en attendait pas plus.
En me rhabillant dans l'entrée, je revois quelques gorgées de bière mais elles n'ont pas de saveur.
C'est le goût du moment qui est terminé.
Et c'est pas bon.

Je descends pour appeler le uber, j'ai envie de prendre un peu l'air.
Là, je me rends compte que je n'ai pas trouvé ce que je cherchais.
Et ... qu'est ce que je cherche, au juste ?

Je ne sais pas. J'ai les sous en poche, le mec était mignon, intéressant, il travaille dans un milieu intéressant, il m'a mis à l'aise, il semble m'avoir adoré.
Mais non, je sais que je ne pourrais pas me coucher maintenant, et cette fois il n'y a même plus de débat dans ma tête.

A 2h55, je suis dans le uber pour rentrer chez moi.
Le chauffeur s'appelle Moussa.
Je suis encore dedans quand je me connecte de nouveau au site.

C'était une première pour moi de me déplacer à l'autre bout de Paris à une heure si tardive ...
C'est une première aussi de chercher un deuxième rendez vous aussitôt. Qui plus est à cette heure.

J'arrive chez moi, je reprends une bière et de la poudre magique.

Je me sens bien et lucide, consciente aussi des risques à prendre à une heure pareille.
Je me demande quels sont les types de mecs encore éveillés et prêts à convenir d'une rencontre en pleine nuit.

Ca cachera forcément une névrose, des insomniaques, des vacanciers frustrés, des travailleurs aux horaires décalés.
Et des cocaïnomanes, peut être.

Je n'y crois plus vraiment, je me dis qu'il va bien falloir arrêter de chater sur le site et que je ferai mieux d'éteindre tout ça ...

Je me refais une dernière trace malgré tout.
Je me sens d'humeur sociable et joyeuse.

La grande difficulté, je pense, mais j'y crois malgré tout, c'est de trouver quelqu'un sur la même longueur d'ondes que moi et pas un mec qui veut que je le suce - me baiser - éjaculer - merci - au revoir.

Sinon ça va être comme tout à l'heure et je ne vais y trouver aucune satisfaction.
(Si ce n'est du fric, c'est vrai, et je ne crache pas dessus, et aussi me faire couler le temps, que les minutes et les heures coulent, pour qu'enfin je puisse avoir envie de m'écrouler et dormir).

Il y a encore du monde, finalement, dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 Aout, et j'ai quelques conversations avec des mecs intéressants.

Il y en a moins qu'en début de soirée, mais ils ne sont pas pires que les autres - et même étonnamment ils me semblent mieux.

Peut-être est ce parce que la cocaïne me rend plus ouverte, et que puisque je cherche un rendez vous pour maintenant, j'en deviens moins exigeante ?
Comme un mec avec la bite en feu qui serait prêt à la fourrer n'importe où tant que ça peut lui permettre de se vider, se soulager, et aller dormir comme un gros bébé.
Peut être que je suis comme ça, finalement, à ce moment là.
Je n'espère pas.
Je n'ai pas envie d'être comme ca.

Je me dis : "Soit je trouve un rendez vous pour maintenant avec quelqu'un qui a l'air cool et qui me paye assez bien, soit j'éteins."

Tout ça se passe très vite, en à peine 10min.

BREF.

A ce moment là, finalement, le voilà.
Au hasard de son clic, de mon clac, on entre en connexion.

Il y a "Dandy" qui vient me parler.

(à suivre...)