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La réponse officielle 



La réponse officielle, c’est celle que Théo va entendre dans 90 % des cas.

« Je ne sais pas. »

Si Théo insiste un peu, le psychiatre lui explique que les diagnostics en psychiatrie c’est très compliqué, qu’il ne veut pas prendre le risque de se tromper, et si cela dure trop longtemps qu’il est en retard pour son patient suivant.

La raison officielle c’est que donner un diagnostic, c’est enfermer le patient dans une logique de psychiatrisation et empêcher son retour à la « vie civile ».

Du coup Théo repart, ordonnance sous le bras. Il va probablement suivre son traitement pendant quelques mois, puis en avoir marre de ne rien entraver aux discussions familiales le soir à table, ou de ne pas pouvoir bander, ou de son bide qui dépasse de la ceinture. Il va arrêter son traitement, et éventuellement son suivi psychiatrique. Il n’est pas malade, n’est-ce pas ?

De son côté, la mère de Théo s’inquiète pour son fils. On est en avril et il ne sait toujours pas ce qu’il va faire l’an prochain. Ok il a été malade cet hiver, mais maintenant il n’est plus malade, non ? Il faut bien qu’il fasse quelque chose.

Même sans traitement, Théo ne va pas réussir à remonter un projet. On dirait qu’il est devenu apathique. Parfois il est juste là, assis, et on dirait qu’il n’arrive pas à faire. Que c’est trop compliqué pour lui.

Ses amis ne le reconnaissent plus. Où est passé l’adolescent jovial qu’ils connaissaient ? Ils finissent par ne plus l’appeler. Il devient chiant en soirée.

Il va y avoir des conflits familiaux, un isolement progressif, et, très souvent, une rechute avec nouveau passage à l’hp. Un jour, Théo, qui connaitra un peu mieux le monde de la psychiatrie ou qui aura juste la chance de tomber sur un jeune médecin, finira par avoir un diagnostic. Il pourra regarder ces (2 à 10) ans d’errance diagnostique, sa famille déchirée à son sujet, ses amis partis, son AAH durement acquise et s’exclamer : Quel gâchis !

Catégorie : Opinion - 13 novembre 2018 à  23:10

#diagnostic

Reputation de ce commentaire
 
Bravo, c'est touchant de vérité ... /STR9
 
Très vrai, très bien écrit



Commentaires
#1 Posté par : Die Ersatzzug 14 novembre 2018 à  00:02
C'est tellement ça. Merci.

 
#2 Posté par : Nils1984 14 novembre 2018 à  01:27
Bonsoir Fluche, l’opinion qui suit n'engage que moi (diagnostiqué "à tendances psychotiques") , elle fait suite à une discussion que j'ai eu avec mon ex dont le fils est atteint d'autisme ET une psychiatre en formation, de ma génération (qui n'en peut plus du panthéon freudien et consort...)

On est à peu près arrivé à cette "conclusion" (qui finalement reste tjrs la même)

Tant que le Système actuel (oui c'est une fixation... et pas œdipienne) continuera de formater, d'encadrer à tort ou de broyer ce que l'on nomme aujourd'hui la "neurodivergence", les "troubles" que beaucoup d'entre nous avons développé lors de notre inaptitude à nous plier aux cadres créés par la bureaucratie, continueront soit à tendre vers l'isolement total, soit à créer pour demain de nouvelles perspectives de vie, de nouvelles façons de percevoir le monde qui ne peuvent être que fécondes pour l'exploration du réel

Elle pense que la psychiatrie actuelle se situe dans un entre deux : entre l'envie de rompre avec les schémas inculqués du vieux monde et le seul fait que le système archaïque de celui-ci l'empêche de pouvoir explorer de nouveaux horizons.

Elle-même consciente comme beaucoup de ses confrères/consœurs que le Système fabrique l'aliénation, que l'aliénation produit "la folie", que "la folie" est ensuite remise entre les outils du dit-Système, et que ce Circuit permanent absurde entretient la main-mise du pouvoir sur tout ce qui pourrait conduire à de nouvelles expérimentations de vie, visant à mieux comprendre, appréhender, soigner la maladie.

On reste persuadé que la schizophrénie est une conséquence d'un monde qui organise/ré-organise/recycle favorablement toutes sortes de "structures aliénantes" et rend donc toutes possibilités d’appréhensions nouvelles, pour l'être vivant ces troubles, très difficiles à mettre en œuvre.

Le Système est l'ennemi...

(Relire Foucault me semble impératif, surtout Foucault...)

Voilà ma vision s'inscrit dans celle de l'anarcho-Autonome...

 
#3 Posté par : Strych9 14 novembre 2018 à  02:38
Pour aller plus loin, et si la psychose et la schizophrénie n’était pas des troubles mentaux mais plutôt une sorte de mécanisme de défense du cerveau face a une agression externe ou interne ?

Pour moi, nous sommes tous schizophrènes dans le sens ou la schizophrénie est dormante en chacun de nous et ce sont certains événement ou certaines substances en serai les déclencheurs.

Dans mon cas, je n'ai eu aucun trouble psy jusqu'a 37ans, date ou j'ai funestement croisé la route des cathinones. C'est cette substance qui à réveillé la psychose en moi alors que je n'avais jusqu'a cette date aucun pb psychologique.

Et si cette psychose n’était pas juste un moyen d'expression désespéré de mon cerveau pour me faire prendre conscience du mal que je m'infligeais avec les cathinones ???

A médité ... (ou pas :p)

 
#4 Posté par : Nils1984 14 novembre 2018 à  03:31

Strych9 a écrit

Pour aller plus loin, et si la psychose et la schizophrénie n’était pas des troubles mentaux mais plutôt une sorte de mécanisme de défense du cerveau face a une agression externe ou interne ?

Pour moi, nous sommes tous schizophrènes dans le sens ou la schizophrénie est dormante en chacun de nous et ce sont certains événement ou certaines substances en serai les déclencheurs.

Dans mon cas, je n'ai eu aucun trouble psy jusqu'a 37ans, date ou j'ai funestement croisé la route des cathinones. C'est cette substance qui à réveillé la psychose en moi alors que je n'avais jusqu'a cette date aucun pb psychologique.

Et si cette psychose n’était pas juste un moyen d'expression désespéré de mon cerveau pour me faire prendre conscience du mal que je m'infligeais avec les cathinones ???

A médité ... (ou pas :p)

Tu évoques des trucs que dans la discussion nommée ds mon post ns avons évoqué... et nous sommes même allé plus loin... mais j'ai omis volontairement ces "hypothèses" pour ne pas trop digresser... oui a méditer ! et plus encore... bonne nuit

Je vais réfléchir à ton post...


 
#5 Posté par : Fluche 14 novembre 2018 à  10:01
C'est très intéressant ce que vous avancez.

Nils, je partage totalement ce que tu dis sur la psychiatrie d'aujourd'hui : coincée entre un approche ancienne, où le trouble EST tout et la personne rien, où il faut donner des médicaments dans l'espoir, futile, de ramener la personne à son état antérieur. Et une approche plus moderne mais qui peine énormément à percer, où la personne est le centre et le trouble moins important, et où on va chercher à aider la personne à vivre avec elle-même, à se rétablir en acceptant ce qu'elle est devenue. Une approche où on expérimente avec la remédiation cognitive, les groupes de parole, les TCC, qui fait très peur aux psychiatres de l’ancien monde dont l'expertise est celle de la pharmacologie et des théories sur la cause des troubles (comme s'il y avait forcément une cause, et comme si elel comptait plus que le présent de la personne).

Strych :

Pour aller plus loin, et si la psychose et la schizophrénie n’était pas des troubles mentaux mais plutôt une sorte de mécanisme de défense du cerveau face a une agression externe ou interne ?

Je ne vois pas en quoi l'un exclut l'autre. Nier qu'il s'agit d'un trouble, c'est nier qu'il s'agit d'une souffrance. Je pense que tu seras d'accord avec moi pour dire qu'une psychose EST une souffrance, et pas la plus marrante.
Ensuite c'est une question d’œuf ou de poule : est-ce que la psychose est la conséquence du cerveau qui "lâche" face à une agression ? Est-ce que c'est un signal d'alarme qu'il envoie pour montrer à quel point il va mal ? Voire les deux ?

Je n'ai pas encore terminé cette série de blogs. Il reste la réponse moderne, celle qu'on a donné à mon mari il y a quelques années et qu'heureusement on peut entendre de plus en plus. A ce soir ^^


 
#6 Posté par : MIAOU44 14 novembre 2018 à  15:32
J'ai due avoir de la "chance" car mon diagnostic à été posé rapidement.
En même temps ils n ont pas eu le choix, car sur le 1er arrêt maladie ils ont mis le code du CIM. Et ça se trouve rapidement sur internet
J ai compris que la psychiatrie ne prend pas en compte la personne derrière la maladie
On applique des protocoles même sils sont néfastes pour le patient. Normal,  on ne doit pas sortir du cadre de soins....
Ton theo fictif il me rappelle tant de personnes...
Merci Fluche

Bises Mia

 
#7 Posté par : Strych9 14 novembre 2018 à  17:28

Fluche a écrit

Je pense que tu seras d'accord avec moi pour dire qu'une psychose EST une souffrance, et pas la plus marrante.

Hélas c'est un peu plus compliqué, c'est d'ailleurs la différence entre la névrose et la psychose. Dans le cas de la psychose le patient est "malade" mais n'en a pas conscience alors que c'est justement l'inverse pour la névrose.

Je crois (pour en avoir été victime) que dans le cas de la psychose, la souffrance est surtout dans les yeux de ceux qui tiennent a toi et qui te vois dans cet état psychotique hmm


 
#8 Posté par : Fluche 14 novembre 2018 à  21:19
Mia : tu as su décortiquer ton arrêt maladie, reconnaitre le code du CIM et faire la recherche. Il faut une certaine aisance intellectuelle pour faire cela que tout le monde n'a pas.

Cependant avec l'arrivée d'Internet l'information n'a jamais été aussi accessible (et on a jamais trouvé autant de conneries), du coup je ne comprends pas comment cette position peut encore être la norme. Comment laisser une personne en détresse, qui n'est par ailleurs pas pourvue d'un jugement à toute épreuve (on parle de schizophrénie là quand même), se renseigner toute seule sur ce qui lui arrive ?

Strych : je ne sais pas. C'est une certitude que c’est une grande souffrance pour l'entourage. Pour la personne, je suppose que cela dépend du type de psychose. Mon mari m'a dit qu'il a expérimenté toutes les manières de mourir possibles pendant ses psychoses. Pour lui la question ne se pose pas, il s'agit d'une souffrance sans aucun doute, et il fait tout ce qu'il peut pour l'éviter.

Dans le cas d'une psychose plus "sympa", avec pas trop de zombies et de gens qui te torturent, peut-on considérer que le fait d'être coupé de la réalité, avec ce que cela entraine au niveau social (perte de la vie active, des relations familiales et amicales), au niveau de la santé (c'est dur d'aller chez le médecin pour une bronchite dans ce genre de cas), est une souffrance ? Tu as le mérite de poser la question.

 
#9 Posté par : Strych9 14 novembre 2018 à  22:58

Anonyme813 a écrit

Dans le cas d'une psychose plus "sympa", avec pas trop de zombies et de gens qui te torturent, peut-on considérer que le fait d'être coupé de la réalité, avec ce que cela entraine au niveau social (perte de la vie active, des relations familiales et amicales), au niveau de la santé (c'est dur d'aller chez le médecin pour une bronchite dans ce genre de cas), est une souffrance ? Tu as le mérite de poser la question.

Bah dans mon cas, les épisodes psychotiques été provoqués par des drogues de synthèse mais la souffrance que je ressentais été surtout crée par l’incompréhension et les réactions de mes proches face à mes délires psychotiques entre parano et persécution.

Dans cet état psychotique, la notion de soi s'efface au profil d'un "combat" contre ce que l'on s'imagine être le mal.

C'est pas évident à décrire tout ça, même si pourtant je l'ai vécu hmm


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