Bonjour à tous et toutes en cette si jolie journée,
Aujourd'hui, je me suis levée avec l'envie de faire le point, et de vous faire partager mon avancée en ce qui concerne ma relation aux pétards. Il s'en est passé, des choses... Ce post risque d'être long, décousu, et de porter sur pleins de choses annexes à ma consommation, vous êtes prévenus !
Petit résumé pour celles et ceux qui ne m'ont jamais lue (et même pour les autres, car je crois avoir envie de me livrer un peu plus qu'à l'accoutumée) :
Je suis une jeune étudiante de bientôt 19 ans, ayant commencé à fumer du tabac et des bédos à l'âge de 11 ans, en classe de 5ème exactement. A l'époque, mon chez-moi était synonyme de peur, de relations conflictuelles et de silence. N'ayant pas d'endroit pour me sentir en sécurité, je passais beaucoup de temps dehors. J'ai donc commencé à fumer de manière naturelle, tout simplement parce que j'en avais l'occasion, et que tout mon entourage fumait. Ca a commencé très simplement : "Ehh tu veux acheter un 10 balles ?" "Vas-y", et voilà tout.
Très vite la fumette est devenue une habitude, quelque chose faisant partie intégrante de mon existence, qui ne m'aidait aucunement a à oublier, certes, mais qui me permettait d'accéder à une certaine légèreté qui m'était inaccessible. Dès mes 12 ans, je fumais chaque jour, en trouvant l'argent où je pouvais, et, le cas contraire, en fumant avec ceux qui en avaient.
Donc, de mes 12 ans à mes 18 ans, j'ai fumé à hauteur d'une bonne demi-douzaine de bédos par jour. A une période, j'ai vendu du shit, et là, j'en fumais une bonne dizaine. C'est à dire : le matin, dès le réveil, puis à la récré, puis le midi, puis l'après-midi, et toute la soirée... Surtout qu'à l'époque j'étais insomniaque. Quand je n'avais rien, c'était le rituel : à quatre pattes dans ma chambre, à rechercher désespérément des boulettes de shit.
Bref ! Je n'imaginais pas une seule seconde arrêter, d'ailleurs, je ne me connaissais pas sans l'effet de la fumette, j'ai littéralement passé mon adolescence défoncée. La situation s'est arrangée chez moi, mais c'était devenue une habitude, encore plus importante que la clope, il ne m'était jamais venu à l'esprit d'arrêter ni de ralentir (mis à part, évidemment, la pression du porte-feuille). J'ai énormément de chance d'avoir des facilités, ce qui fait que je n'ai jamais été en décrochage scolaire (enfin, si, mais ça n'a pas influé sur mes résultats).
Tout cela a changé il y a un an et demi, quand, après avoir vécu trois ans d'un premier amour, quoique très beau, destructeur ; j'ai rencontré mon amour actuel. Depuis, je vis une passion si saine et si puissante que je me redécouvre. Cela correspond également à la période où je suis entrée en études sup (j'ai sauté une classe, ce qui explique que j'y sois entré à 17 ans). J'ai commencé à me poser la question de la diminution de la fume lorsque ce tout nouveau bonheur qui m'a transpercée m'a insufflée l'envie de recommencer à lire, à écrire, à me cultiver, à méditer, à me balader dans la forêt... Ce n'est pas l'amour qui m'a donnée ces envies, c'est plus exactement la redécouverte de mon moi intérieur, ce moi qui voulait s'élever, cesser d'avoir la flemme, profiter à fond de sa libido, de son potentiel sensuel et intellectuel.
Du coup, j'ai voulu voir. Juste essayer de voir qui j'étais - outre cette altération du moi que provoquait la fumette constante. Je tiens à dire que, ayant acquis une tolérance très importante, je ne me sentais pas défoncée tout le temps, évidemment ; mais je sentais bien que mon être était différent de ce qu'il aurait pu devenir sans ça. Loin de moi l'idée d'abandonner la beuh - non ! j'aime tellement cette plante, rien que pour son goût. Mais tout à coup je n'avais plus envie d'en être dépendante, j'avais envie de pouvoir en profiter de manière plus sereine, c'est-à-dire, pour me procurer du plaisir, et non pas pure nécessité. Cela date de l'été dernier.
Mon chéri (qui fume depuis bien moins longtemps, et qui, en réalité, n'est devenu psychologiquement dépendant qu'à mon contact...) a tout de suite voulu me suivre dans cette démarche (Lui qui est un être ensoleillé, sociable et sans cesse motivé, cette motivation commençait à décliner). En gros, c'était après 8 mois d'une relation magnifique - comme les premiers temps étaient passés, nous commencions à ressentir une baisse de libido, une baisse d'envie de bouger, de se balader, tout ça tout ça. Et je savais au fond de moi que tout cela n'était pas étranger à la fumette, que j'avais terriblement envie de lui, envie de sortir, envie de partager : ce n'était pas l'envie qui manquait, nous avions juste un peu trop la flemme.
Un élément important dans tout ça : notre lien. Si certains d'entre vous ont lu mon TR sur ma première fois au LSD, vous savez que c'était avec lui, avant que nous soyons ensemble. C'est une petite anecdote qui n'explique absolument pas pourquoi nous sommes tombés amoureux (si le LSD déclenchait l'amour, ça se saurait...) mais qui est révélateur de cette fusion qui est la nôtre. Ce garçon, je l'ai admiré avant de l'aimer, j'ai aimé son être indépendamment de ce qu'il pouvait m'apporter, je l'ai aimé comme on aime le soleil duquel on attend rien, sans désir de possession, sans rien de malsain. Je l'ai aimé sans rien attendre du futur, sans angoisse, sans me douter qu'un tel amour pouvait durer plus que le temps d'un regard. Ce lien, cette compréhension que nous avons, qui ne souffre aucun doute, c'est quelque chose qui m'est précieux.
Quel rapport avec ma consommation ? Eh bien, le fait est que, les rares et seules fois que nous nous sommes mal compris, c'est parce que notre esprit était un peu trop embué. Loin de moi l'idée d'accuser la marie-jeanne, et d'ailleurs, si nous ne nous comprenions pas si bien d'habitude, rien ne m'aurait dérangé. Mais notre faculté à sentir l'autre est si grande, que je n'ai pas pu supporter qu'elle souffre, ne serait-ce que légèrement, de ce manque.
Ce n'était pas grand chose : juste une légère difficulté à s'exprimer, et à trouver les mots justes, qui faisait que nous partions parfois dans quelque quiproquo. Vu la relation que j'ai eu auparavant, il est impensable pour moi que l'on s'engueule. Lorsqu'un désaccord survient, il faut à mon sens pouvoir en discuter sereinement, et régler la situation bien avant qu'elle ne se pourrisse. Certains pensent que la passion prend forcément une part de déchirement, eh bien je ne suis pas - plus d'accord. J'ai découvert une forme de passion, dont je ne soupçonnais pas l'existence, et qui s'écarte de toute forme de destruction. Et cela m'est très, très cher.
Bref ! Tout ça pour dire que, nous qui ne nous engueulions jamais, et qui faisions toujours de nos désaccords une source d'apprentissage pour chacun d'entre nous ; nous avons commencé à parfois vivre des quiproquos un peu dérangeants. C'est en grande partie ce qui m'a donné la motivation de réduire drastiquement ma consommation : je ne voulais pas avoir le regard fuyant, je voulais que l'on se pénètre l'un l'autre tel que notre lien nous le permettait.
Donc, on a arrêté (d'acheter, surtout, mais on s'autorisait à tirer sur des bédos le week-end). Quelques semaines. G-é-n-i-a-l. J'ai recommencé à lire, à écrire, tout à coup je n'ai plus eu de cernes (moi qui, depuis mes 12 ans, ai le regard d'une insomniaque...), j'ai eu de la motivation, j'ai mieux géré mes angoisses passagères, recommencé à avoir le désir constant d'apprendre et de découvrir. Malheureusement, je me suis dit "mais dis-donc, c'est beaucoup plus simple que ce à quoi je m'attendais, après 7 ans" du coup, j'ai recommencé... d'abord un petit peu, par-ci par-là, on a acheté un 20 balles pour une soirée, puis deux, puis trois, puis on s'est remis à fumer tous les jours.
Vu que ma tolérance a é n o r m é m e n t baissée, j'étais beaucoup, beaucoup plus défoncée qu'avant ; et j'ai commencé à avoir des effets secondaires vraiment nuls (regard fuyant démultiplié, pics d'angoisse, forte tachycardie, etc...). Bref, ces derniers mois, je n'étais vraiment pas fière de moi : non seulement on se mentait un peu en se disant qu'on était toujours dans "la démarche" d'arrêter, ce qui fait que nous nous sentions extrêmement coupable quand nous fumions (ce qui empêche légèrement d'en profiter...), mais en plus, les raisons pour lesquelles nous avions voulu arrêter étaient désormais plus présentes que jamais.
Breeeeeef, après des semaines et des semaines de malhonnêteté intérieure et de culpabilité, on s'est rendu compte que PUTAIN, ça fait depuis AOÛT qu'on y est... Ca a été le déclic. J'ai eu de super notes à mes partiels, et je me suis dit "Ecoute, tu aimes apprendre, tu aimes lire, tu aimes écrire, tu aimes aimer : et tu SAIS exactement comment faire pour ne pas laisser tout ça en stand-by. PRENDS TOI EN MAIN BORDEL".
Et nous voilà. Cela fait exactement 7 jours que nous n'avons pas fumé. Franchement, ce n'est pas si dur... Ce n'est pas si dur parce que cette fois, on s'est fixé une pause sans concession de 1 mois, c'est à dire jusqu'au 15 mars (c'est trop dur de se dire "de temps en temps", "pour l'occasion", ça nous laisse trop de liberté pour craquer...). On va y arriver, putain. Une fois cette échéance passée, il est hors de question que je recommence. D'ailleurs, s'il me reste une envie "irrationnelle" de fumer à ce moment-là, je prolongerai la pause. Parce que j'adore la beuh, je n'ai aucune envie de l'abandonner pour toujours : mais j'ai vraiment envie d'avoir un rapport sain avec cette belle plante. J'ai envie de pouvoir fumer une fois par mois, ou tous les deux-trois mois même, sans attendre avec impatience l'échéance, sans que ça ne me replonge immédiatement dans le manque.
Je ne suis même pas impatiente de refumer. Tout ce que j'espère, c'est que, quand on retouchera à un bédo, on s'en sera alors assez détaché pour en profiter réellement, sans se sentir coupables ni avoir immédiatement envie de se remettre à acheter. Rien qu'avec la pause que nous avions faite la première fois, j'ai redécouvert des effets géniaux (fous rires incroyables, sensualité - sensations tactiles exacerbées, etc) et je n'ai pas envie que ces super effets soient à nouveau supplantés par les effets secondaires pourris, tout ça parce que j'aurai craqué, et que je me serai remise à fumer tous les jours.
Demain, ce sera la première teuf de ma vie sans fume. J'espère que je tiendrai ! Alleeeeez là
Voilà voilà. Merci beaucoup si quelqu'un m'a lue jusqu'au bout, c'était long, très long ^^ et peut-être pas tellement intéressant... mais bon, ça m'a fait du bien de faire le point sur ma situation, et d'écrire tout ça. N'hésitez pas à m'écrire, à commenter, à partager votre propre expérience, que ce soit avec la fumette, ou n'importe quel autre produit, avec votre compagne.on ou que sais-je... ça me ferait très plaisir d'échanger avec vous.
PS : j'espère que vous l'aurez compris, je ne fais en aucun cas l'apologie de l'abstinence, j'adore la weed, elle m'a juste donné A MOI des effets secondaires désagréables sur le long terme. Il s'agit juste de MON expérience, et j'ai très bien vécu avec pendant longtemps.
Catégorie : Carnet de bord - 22 février 2019 à 15:07
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krash a écrit
L'équilibre, une recherche, mais sacrément prise de tête ! L'intelligence de l'herbe est peut être plus forte que l'intelligence humaine. Il n'y a pas que l'introspection, des actions sur des situations réelles, que l'on aurait pas faites par exemple en temps normal, parce que la réflexion est plus précise et mieux suivie sous l'influence du produit.
Quoi qu'il en soit, je te souhaite de trouver ton bonheur, ce qui est peut être déjà fait.
Il y a pleins de mauvais côtés à fumer ça, aussi...
L introspection de l herbe? Être pkus intellident e sous beuh?
Ca m'intéresse diablement... tu pourrais développer stp?
J'ai envie de pouvoir fumer une fois par mois, ou tous les deux-trois mois même, sans attendre avec impatience l'échéance, sans que ça ne me replonge immédiatement dans le manque.
Jsuis dans la même démarche, moi toutes les deux tois semaines tout les deux trois mois ça me conviendrait bien. Le truc c'est que je veux faire ça avec mon stock pour pouvoir decider quelle weed et quand je fume. Mon pêché mignon c'est sur les quais au soleil.
Depuis 7-8 mois je me deshabitue, depuis deux semaines jessaie de plus fumer la semaine, la vaporisation aide bien. Et pareil les cernes dissparaissent petit a petit. Mon but c'est de pas dépasser 0.5g de ma plus légère weed ce week end.
Lire des textes comme ça (même si ton bonheur me brule un peu les yeux lol) ca fait du bien.
Merci et bon week end
Core a Corps a écrit
Ah c'est clair, c'est compliqué... Compliqué parce que peux très bien vivre avec, tout en étant pas du tout en accord avec ta conso ^^ un peu comme la coc' finalement.
Et je suis bien d'accord. Nombre de mes introspections auraient été bien moins fructueuses sans les pétards je pense ! Faut trouver l'équilibre qui nous convient quoi... personnellement ça m'allait très bien pendant longtemps, juste maintenant j'ai besoin d'autre chose, et là ça devient compliqué... Mais bon, l'équilibre c'est toujours une recherche finalement, jamais vraiment un but atteint. Et c'est tant mieux !
Et toi aussi tu pourrais détailler cette introspection? Comment elle vient? A quel moment ? Je n arrive pas à l'imaginer...
Merci mercii @Morning Glory, au passage, sache que je commente rarement sur PA mais que tu fais partie de ces personnes que j'adore lire !
J'en suis très flatée
Concernant votre arrêt oui j'imagine bien que ça ne doit pas être facile tous les jours non plus, mais tu as l'air très motivée, optimiste... Moi j'ai confiance, et si vraiment tu craques un peu avant un mois bein, y aura "qu'à" recommencer ensuite en fait, ce serait pas une chute définitive Vois de toute façon ça comme un entrainement, que cela porte ses fruits jusqu'au bout du premier coup ou non. C'est ça qui est bien.
Ouai hein, ces substances que tu cites font peur pour ça. Mais le fait de ne connaitre que de la théorie sur le sevrage opi ne me donne qu'une crainte voilée à son sujet, car tant qu'on ne l'a pas expérimenté il est difficile de se le représenter clairement. C'est un assez gros piège je trouve, mais le savoir m'incite quand même à lever le pied sur ce genre de consos...
Fiers vous pouvez l'être! GG. En plus ça vous montre que passer une bonne soirée sans fume c'est concrètement possible, c'est un joli pas en avant pour votre objectif je pense :)