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Psychedelight, épisode 1 : Loveboat 



Il m'arrive de pousser des disques, dans des soirées.

Souvent c'est de la house, de la techno, des trucs électroniques...mais parfois j'aime bien jouer du rock psychédélique, des vieux trucs, je me spécialise dans la musique produite en Californie par et pour des acid-heads avant 1970. C'est comme ça que je me suis retrouvé à jouer sur une péniche, pour une soirée queer-friendly dans une grande ville dont je tairai le nom afin d'éviter d'être identifié trop facilement. Le thème de la soirée était donc "Hippies/psychédélisme", et, ayant longuement échangé sur ces sujets avec un des organisateurs de la fête, il lui a paru approprié de me programmer.

Me voici donc à passer mes vieux sons freaks, en ouverture de soirée, pour un parterre de créatures, drag-queens, Soeurs de la Perpétuelle Indulgence, lesbiennes radicales, oiseaux de nuit au plumage rainbow...Ça se passe assez fabuleusement bien, plus l'heure et le nombre de bières bues, de pilules et autres douceurs droppées avancent, et plus les danseurs s'abandonnent, se vautrent, se roulent dans les rythmes, mélopées, envolées et plongeons de mon roller-coaster californien...Byrds, 13th Floor Elevators, Timothy Leary, Jefferson Airplane, Seeds, Moby Grape, Big Brother, Blue Magoos, Great Society, j'ai convoqué l'été de l'amour et il répond présent. Le set se termine sur un dancefloor rempli d'allumés tout à fait prêts à se livrer aux volutes sonores du DJ suivant, on peut donc affirmer que j'ai accompli ma mission. Je passe les manettes, et je file, désormais créature en bob-cosmique, lunettes noires vintage et t-shirt tye-dye, parmi les autres créatures, explorer la péniche, chercher de la drogue et descendre quelques pintes.

Je croise mes potes L et N, qui ont opté pour un costume "double-face" identique mais symétriquement inversé, qui leur confère un look Alice in Wonderland très efficace. Ils ont également trouvé de l'acide, dont je leur soutire un gros quart de buvard. Au moment où je le gobe, le DJ envoie un "Lucy in the Sky with Diamonds" des plus synchrones. Il se trouve que pendant mon set, en plus des quelques bières de rigueur, j'ai aussi avalé deux ou trois weed-candies maison, ceci plus cela plus cela finit par m'installer dans un état très confortablement rigolard, un mood aventurier que j'exploite à fond en surfant sur les vagues de fun de la péniche, que l'on sent tanguer de tout ce bonheur qu'on partage. Sur scène, des drag-shows, de l'effeuillage, notre bateau pirate se rêve en cabaret...Nouveau changement de DJ et la foule assez compacte ne contient plus son euphorie, tout ce monde danse, saute et ondule de joie. La soirée  atteint son pic sous les salves de psychédélisme pop, la fraternelle communion nous arrache des rires de gosses, le gang de lesbiennes rad-fem dansent les seins nus, bras levés, c'est la vraie fête, ça ruisselle de bonheur, épais, ouateux, et de plus en plus flou alors que les pintes défilent...

Et puis on y est, c'est fini, les danseurs se dispersent, les organisateurs, les artistes, les performeurs se retrouvent sur le pont du navire, on se salue, on se félicite, on se sépare, rincés, contents.
Je suis hébergé non loin de là chez l'organisateur de la soirée et son mec. Assis dans leur salon un peu trop éclairé je suis déjà lové dans un très confortable cocon de défonce pré-sommeil lorsqu'on me propose de terminer la fête avec une moitié de buvard de 1P-LSD que je ne me fait pas trop prier pour avaler. Mais je suis crevé, assez imbibé, les weed-candies ont clairement tassé le quart de trip du bateau, et je n'attends pas l'ultime montée pour aller me coucher. Il doit être 5h du matin et je m'endors.

8h30. M'extirpant à grand-peine d'une invraisemblable et assez cauchemardesque séquence onirique où, démiurge presque omnipotent, je m'efforçais de réorganiser au mieux le fonctionnement d'une ville-monde lookée steampunk en plein effondrement, toute pleine d'engrenages rouillés et de jets de vapeur, j'ouvre les yeux, allongé sur un matelas, posé sur une mezzanine, sous un faux plafond dont les motifs déroulent sous mes yeux perplexes toute une géométrie absurde, quelque part entre la mythologie aztèque et la vision lovecraftienne. Une vingtaine de secondes me suffisent pour évaluer la situation : au pic d'un épisode caniculaire, par une chaleur infernale, je suis en plein trip d'acide, dans une ville qui n'est pas la mienne, chez des gens que, bien que les appréciant sans aucun doute, je ne connais finalement que peu en dehors de quelques rencontres en soirée et discussions sur Facebook...La matinée s'annonce escarpée...

À SUIVRE...

Catégorie : Trip Report - 15 juillet 2019 à  16:33

Reputation de ce commentaire
 
Waouw ! Tu donnes envie de lire la suite /coach



Commentaires
#1 Posté par : Ocram 15 juillet 2019 à  16:38
Yo cub',

Très très bon texte. Ça nous mets tellement dedans. Vivement la suite...

Viiiite big_smile

 
#2 Posté par : Bootspoppers 15 juillet 2019 à  18:06
Génial.
Mon intelligence artificielle fonctionne à plein pour tenter d' identifier ta prochaine soirée... et y être en bande organisée de supportereuses enthousiastes ....
La suite , vite!

Cub3000 a écrit

C'est comme ça que je me suis retrouvé à jouer sur une péniche, pour une soirée queer-friendly dans une grande ville dont je tairai le nom afin d'éviter d'être identifié trop facilement


 
#3 Posté par : Albatros 15 juillet 2019 à  22:57
Ooow trop chouette ce texte !
Summer of love forever !

Peace
Albatros

PS : Le réveil trippé ça m'est arrivé parfois, c'est très funky tu sautes direct dans les 80's hahaha !

 
#4 Posté par : Drim 16 juillet 2019 à  08:19
Excellent,
Merci !

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