La notion du chez-soi/à partir de quel moment on peut se considérer chez soi quand on habite dans la rue?
Définition simple de “chez-soi”: Domicile, maison où l'on vit (le plus souvent avec une valeur affective).
C’est ce côté “valeur affective” qui paraît intéressant et qui peut faire remettre en question la partie de la définition qui parle de “maison/domicile”.
Le cas des personnes qui vivent dans la rue, en squat, dans des caravanes, tentes.
Certes les personnes s’approprient les lieux sans autorisation où parce qu'on leur offre mais ils s’approprient aussi les lieux en installant l’espace comme ils le sentent. Par exemple, une personne vivant en caravane dans un dispositif qui accueille des personnes qui étaient à la rue se fabrique une véranda, il s'approprie l’espace qui lui est offert.
Il a l’air d’avoir envie de s’y projeter, peut-être juste pour avoir un espace à l'extérieur qui lui appartienne, histoire qu’il ne sorte pas de sa caravane et qu’il ait l’impression de ne plus être chez lui rien qu’en passant le palier de la porte. Cela peut avoir un côté sécurisant de se dire que personne ne passe trop près de sa caravane.
La raison peut tout simplement être le fait d’avoir envie d’inviter du monde dans son chez lui. Avoir un lieu d’accueil pour ses amis, ou bien même pour inviter les travailleurs sociaux à discuter avec lui.
On pourrait aller loin en disant que le fait de se projeter dans son habitat pourrait l'amener petit à petit vers la projection d’un avenir pro, perso, etc… Mais d’un côté pourquoi pas, ça peut être une première étape de l’insertion. Cela ne coûte rien de voir où cela va mener.
Laisser les personnes s’approprier l’espace dans lequel ils vivent peut les aider à se sentir mieux dans leur lieu de vie? Ou est-ce le fait de se sentir bien qui leur donne envie de se projeter dans cet espace? Ou est-ce que par nature le concept de “chez-soi” c’est de se sentir en sécurité?
Qu’est-ce que se sentir en sécurité? Parle-t-on de sécurité psychologique? Physique? Affective?
Je dirais un peu de tout. Le côté psychologique pour moi va de pair avec l’affectif dans le sens où le bien être que procure l'affect joue sur la santé mentale. Je dirais également que le fait d’être en squat ou non joue sur le sentiment de sécurité, d’être à plusieurs, avec des personnes à qui on peut faire confiance. La sécurité physique dans le cas où les personnes sont à plusieurs et peuvent veiller les uns sur les autres sans avoir la peur de se faire agresser ou voler pendant leur sommeil par exemple. Y a-t-il une hiérarchie dans les squats? Un leader qui a une figure sécurisante? Des rondes la nuit?
Est-ce que c’est la sécurité que l’on recherche réellement dans un “chez-soi”? Peut-être que c’est surtout un point de repère qui peut mener au sentiment d'être en sécurité.
Comment se sentir “chez-soi” en tant que nomade?
Se sentir “chez-soi” c’est mettre une valeur affective dans un espace. Le nomade se considère-t-il chez lui à chaque endroit où sont les gens qu’il apprécie? Peu importe l’espace, il peut très bien se sentir chez lui dans une ville qui l’a marqué sans avoir une adresse précise.
N’hésitez pas à témoigner dans les réponses de cet article pour nous partager votre façon de voir les choses et répondre aux interrogations mentionnées dans l’article! :)
Catégorie : Carnet de bord - 05 avril 2022 à 13:34
1
Morning Glory a écrit
Pour avoir simplement déménagé trois fois je peux dire que la première fût horrible. Parce que je ne me sentais pas en sécurité (phobie sociale), je ne me sentais pas chez moi. Très rapidement impossible d'aller à la fac.
La seconde fois a Clermont je me suis tout de suite attachée à la ville et me suis sentie chez moi rapidement, j'aimais bien le petit appart dans lequel j'avais atterri, j'ai réussi à me faire des potes ça a joué aussi. Puis la phobie m'a rattrapée et je ne me suis plus sentie chez moi que... Chez moi, pas dans la ville. Car en effet insécurité à nouveau.
Là à Paris je me sens comme un poisson dans l'eau, je suis en coloc mais je suis chez moi quand même et pas que dans ma chambre. Quand je passe le pas de ma porte je suis en pleine cité donc environnement pas forcément hyper sécurisant mais je suis bien quand même, parce que plus vraiment de phobie sociale. Pis j'aime mon taff ca m'aide aussi. Je sais pourquoi je suis ici.
Et il y a tellement de choses à faire, c'est la ville LGBT par excellence, ça me convient tellement que là même si c'est que le début je suis un peu prête à tout pour ne plus partir. Je me sens presque plus chez moi que ma maison natale en campagne, même si je conserve un attachement très fort à cette dernière. Parce que là y a des gens qui me ressemblent avec qui échanger, je me sens moins weirdo socialement, que ce soit au niveau des prods ou LGBT. Alors que je ne suis ici que depuis deux mois, installée depuis un seul, et sans mes beaux tableaux qui sont restés chez mes parents (trop dur a déménager en train), ou plein d'affaires à moi. Je suis plus minimaliste mais je suis chez moi!
Donc j'adhère totalement à ce que vous dites.
C'est une question de sécurité, d'appartenance et d'attachement je crois.
Tout d’abord merci d’avoir pris le temps de lire et de répondre, je ne m’attendais pas à des réponses aussi développées.
Je trouve que ton exemple est très parlant et illustre bien mes propos (ça prouve que je ne suis pas totalement à côté de la plaque!).
On peut voir le cheminement qui commence de ta phobie sociale qui amène à l’insécurité et qui fait que tu ne te sens pas chez toi. Le fait d’être dans une ville qui te plaît et d’avoir un environnement social qui te conviens t’a permis de te sentir beaucoup plus à l’aise de ce que j’ai compris.
Maintenant est ce que ce cheminement fonctionnerait de la même manière pour une personne qui vit dans la rue? Par exemple, une personne qui a 40 ans de rue s’est t’il déjà senti chez lui à un moment donné? Qu’il se soit déjà senti en sécurité ou non, qu’il ait déjà ressenti un attachement ou non.
Ce sont des personnes qui vivent hors des clous depuis longtemps donc on peut se poser la question de si ce raisonnement est adapté à tous.
A méditer!
Nils1984 a écrit
Je crois que je suis un peu H.S (comme d’hab) mais…
J’ai eu pas mal d’apparts, à l’époque où j’étais pleinement autonome, mais tout ce que j’avais ne me suffisait pas, j’étais assoiffé de liberté, paradoxe complet : une fois à l’intérieur des murs, d’un espace perso je me prenais à rêver de (re)parcourir le territoire sac au dos, et une fois que je reprenais la route, je me prenais à désirer de revenir à la base, revenir chez moi. Aller le plus loin possible pour avoir envie de revenir. Réconfort plus que confort, un espace à soi qu’on peut aménager comme bon nous semble est l’un des paliers indispensables pour s’entendre chuchoter que « la vie est belle ».
Je sais qu’une humoriste de stand-up bien connue à jouer une scène dans laquelle elle rend visite à un type dormant sous tente, histoire de se rassurer elle-même de façon purement égoïste. Il y avait un commentaire d’une sans-abris disant que la plupart des personnes qui donne des coups de mains au sans-domiciles sont des merdes emplies d’arrière-pensées. Je suppose que cette humoriste a peut-être ici ou là bivouaquer sans pour autant avoir connue la dure réalité de la vie à la rue. J’ai aidé qui je pouvais quand je le pouvais avec la seule idée que « je fais pour eux ce qu’on a pas fait pour moi ». En quoi est-ce égoïste qu’une vieille dame à l’époque où quelques potes et moi faisions la manche à Valence donne sans hésiter un billet de 50 euros ? Chercher à se donner bonne conscience ? Chercher à se racheter ? Ma pensée ne va pas si loin, cette dame voyait bien que nous ne nous alcoolisions pas et que nous n’étions simplement que des jeunes paumés. C'est lorsque qu'on est privé de liberté qu'on prend conscience de ce que "liberté" signifie.
Aménager son espace perso c’est en ce qui me concerne la meilleure des expériences, tout comme déménager pour un nouvel endroit, faire sa première nuit dans un nouvel appart est parmi les choses que je préfère. C’est comme une réinitialisation de la psyché. Les anciens murs font place aux nouveaux. Et on se sent loin de la chute, à partir du moment où « tout devient réglo ». Le seul fait de s’éveiller tôt dans un espace qu’on s’approprie pour se faire un café dans une nouvelle cuisine reste parmi les moments les plus agréables. C’est ensuite que les choses parfois se corsent, quand les problèmes s’accumulent et que la routine s’installe. Les dégradations commencent, « on ouvre le loquet de la grille du taudis qu’on appelle maison »… Il faut une certaine discipline pour apprendre à être bien chez soi, entretenir ses lieux de vie, ne plus avoir la trouille d’ouvrir sa boite aux lettres, etc.
Je ne cesse de refaire la même expérience, j’ai toujours eu l’impression « d’être chez moi » quand disparaissent les épées de Damoclès…
Tout d’abord merci d’avoir pris le temps de lire et de répondre, je ne m’attendais pas à des réponses aussi développées.
De ce que je pense avoir compris tu as un passé de nomade, je me demandais donc si tu t’y retrouves dans ce que j’ai écrit à ce sujet?
Je ne sais pas si j’ai bien compris mais en gros dès que tu t'installais dans un nouvel endroit tu prenais tes clic et tes clac et tu faisais le tour du territoire pour mieux revenir où tu t’étais installé?
Tu faisais comment pour t’héberger durant tes voyages?
Si je comprends bien tu n’avais pas besoin de te sentir “chez toi” aux endroits où tu voyageais puisqu’au bout du compte tu finissais par rentrer dans ton appartement que tu considères comme ton “chez toi”?
De ce que je vois tu essaye d’éviter la routine, c’est intéressant de voir que des personnes se sentent bien chez eux en changeant régulièrement de “chez-soi”, en réussissant à se projeter et se re projeter à chaque fois. Le côté réinitialisation de la psyché que tu évoque me parait très intéressant et les changements “radicaux” comme ça ça peut faire du bien à beaucoup de gens au moins une fois dans sa vie.
Peut-être que les nomades qui vivent dans la rue pensent de la même manière que toi à leur échelle, c'est-à-dire qu’ils sont originaires d’une ville et qu’ils font le tour de la France pour mieux revenir dans leur ville de référence.
Faust08 a écrit
Pour donner mon expériences et pour que vous lecteurs puissiez pousser votre analyse par le partage d'expériences.
Je vis actuellement avec ma copine chez ma mère. Notre chambre fais environs 4m² mais on vis a deux dedans on a nos pc et tout, donc ca passe on se démerde. Tout ça pour dire que ma "maison", mon "chez moi", c'est uniquement ma chambre, pas le salon, pas la cuisine, ni même les toilettes. (bizarrement, la salle de bain c'est mitigé, je pense me sentir chez moi dans ma salle de bain quand je suis nu). Je pense que notre chez nous, notre maison ou n'importe quoi, c'est l'endroit ou on peut-être "a nu" avec nous même. Soit la piece où on peut expérienter de nouvelle ROA, ou se droguer carrement pour ceux qui doivent le faire en cacher (après on est sur psyho pour ça je mele la drogue a ça, mais en vrai ca peut prendre plein de forme). Le fais c'est que c'est la pièce ou "on peut-être soi même. être nu. être certains que nous décidons de ce qui s'y passe (qui on accepte de faire rentrer, quand, ou même comment on le décore ou on change la disposition des meubles, le bordel qu'on y met). Bref c'est un peu notre espace de contrôle (ou du moins on le croit) et ou on peut donc être soi-même.
J'ai vécu environs 3 ans dans mon chez moi, chez mon père, c'était ma chambre, j'était tellement mal a l'époque que je ne savais mme pas quitter ce "chez moi"¨, cette zone ou je pouvais être moi, et contrôler ce qui se passais autour de moi (plus personne ne venais me voir car je voulais voir personne et à l'époque j'en avais "besoin" car j'étais vraiment mal psychologiquement)
HS : Je trouve que les dépressions qu'on tape a notre époques sont vachement puissante, parfois j'ai l'impression qu'une grosse dépressions est aussie handicapantes qu'un handicap physique ...
Enfin voilà; maintenant je vais tenter de crée un "chez moi" avec plus de pièces, ça reste un coloc mais c'est mon meilleur amis depuis plus de 20 ans. J'espère que mon "chez moi" sera la maison complète, j'espère vraiment me sentir en sécurité dans la maison entière.
Après je parle surtout de ce qu'est le "chez soi" selon mes réflexion, mon thème ne tourne pas autour de la rue, donc j'espère qu'il ne sera pas trop H.S
Tout d’abord merci d’avoir pris le temps de lire et de répondre, je ne m’attendais pas à des réponses aussi développées.
Je trouve hyper intéressant la partie de ta vision du “chez-soi” où tu parles de “contrôle” et de pouvoir se mettre “à nu”.
Du coup ça me questionne sur comment une personne vivant à la rue peut se sentir chez elle, surtout si comme tu le dis la personne consomme de la drogue et à du mal à trouver un coin tranquille pour consommer donc on peut penser qu’elle n’a pas le sentiment de contrôle et de “mise à nu”.
Après ce n’est pas pour autant qu’une personne à la rue ne va pas avoir la sensation de se sentir chez elle. Je pense.
Je pense donc qu’on peut dire que chacun a sa définition du “chez-soi” en fonction de sa situation?
Je pense donc qu’on peut dire que chacun a sa définition du “chez-soi” en fonction de sa situation?
à mon avis le "chez-soi" est primordial à une stabilité psychologique, et donc, dans n'importe quel cas, l'humain trouvera un endroit qu'il qualifiera inconsciemment son chez-soi. En fonction des moyens il sera plus ou moins sûr.
Je pense que pour le cas de la rue, l'ingéniosité du cerveau imaginera que tel ou tel endroit est assez sécurisé pour pouvoir se mettre à nu. Un endroit insalubre et peu confortable (qui pourrais être sous un pont) nous paraîtrait impensable à qualifier de chez-soi, mais la magie de notre cervelle fera croire à la personne qui en a besoin qu'elle l'est, un endroit assez intime et sécurisant pour se sentir chez-soi. Lorsqu'une choses est primordiale, le cerveau arrive toujours à faire des tours pour arriver a ses fins :p
Après ce n’est pas pour autant qu’une personne à la rue ne va pas avoir la sensation de se sentir chez elle. Je pense.
Je suis d'accord sur ce point que les personnes vivant à la rue depuis un moment on un rapport vraiment particulier qu'il faut vivre pour comprendre. Mais je pense tout de même qu'ils ont certains endroits où ils se sentent plus "tranquille", "sécurisé" ou "en intimité" que d'autres qu'on pourrais par faciliter appeler leurs Chez-eux.
Je n'ai fais aucune études, ces pensées ne sorte que de mon analyse du monde, de mon fonctionnement et ceux des gens que j'observe. Aux lecteurs, ne prenez pas pour argent comptant mes élucubrations.
Effectivement cet exercices de pensée est super intéressant !
Bien à toi :)
Dernière modification par Mecrupulent (10 avril 2022 à 15:46)
Faust08 a écrit
Je pense donc qu’on peut dire que chacun a sa définition du “chez-soi” en fonction de sa situation?
à mon avis le "chez-soi" est primordial à une stabilité psychologique, et donc, dans n'importe quel cas, l'humain trouvera un endroit qu'il qualifiera inconsciemment son chez-soi. En fonction des moyens il sera plus ou moins sûr.
Je pense que pour le cas de la rue, l'ingéniosité du cerveau imaginera que tel ou tel endroit est assez sécurisé pour pouvoir se mettre à nu. Un endroit insalubre et peu confortable (qui pourrais être sous un pont) nous paraîtrait impensable à qualifier de chez-soi, mais la magie de notre cervelle fera croire à la personne qui en a besoin qu'elle l'est, un endroit assez intime et sécurisant pour se sentir chez-soi. Lorsqu'une choses est primordiale, le cerveau arrive toujours à faire des tours pour arriver a ses fins :pAprès ce n’est pas pour autant qu’une personne à la rue ne va pas avoir la sensation de se sentir chez elle. Je pense.
Je suis d'accord sur ce point que les personnes vivant à la rue depuis un moment on un rapport vraiment particulier qu'il faut vivre pour comprendre. Mais je pense tout de même qu'ils ont certains endroits où ils se sentent plus "tranquille", "sécurisé" ou "en intimité" que d'autres qu'on pourrais par faciliter appeler leurs Chez-eux.
Je n'ai fais aucune études, ces pensées ne sorte que de mon analyse du monde, de mon fonctionnement et ceux des gens que j'observe. Aux lecteurs, ne prenez pas pour argent comptant mes élucubrations.
Effectivement cet exercices de pensée est super intéressant !
Bien à toi :)
C’est vrai que le cerveau a une place importante dans cette réflexion, cet espèce “d’instinct de survie” qui peut nous donner la sensation de se sentir en sécurité dans un lieu qui officiellement ne l’ai pas vraiment (genre sous un pont pour reprendre ton exemple).
Évidemment ce n’est que de l’interprétation de notre part.
Peut être que les personnes vont s'abriter dans ce genre d’endroit uniquement parce que c’est à l’abri des intempéries et un peu isolé ce qui d’ailleurs va peut-être rapidement leur donner cette sensation de sécurité ou peut être que ce sentiment de sécurité ne vient qu’après s’être un minimum habitué aux lieux et après se l'être un peu approprié?
De plus ce raisonnement peut se répéter si la personne doit changer de lieu (s’il se fait virer par la police ou s’il a des embrouilles avec des personnes qui savent où le trouver par exemple).
Cela peut mener au fait de ne plus vouloir ressentir ce sentiment de sécurité par crainte d’être déçu de devoir se réhabituer à chaque fois que cela arrive. Ou au contraire il pourrait se faire ressentir très facilement à force de connaître les endroits où squatter qui te font éprouver cette sensation de sérénité, sécurité. Donc si on part de ton raisonnement qui dit que le cerveau est du genre ingénieux et arrive toujours à ses fins je pencherais pour la deuxième option. :p
Effectivement je trouve ça très intéressant et enrichissant, un grand merci pour ces échanges!
PS: Merci grâce à toi j’ai appris le mot “élucubration”! x)
Mecrupulent a écrit
Je n'ai rien lu je l'avoue, je le ferai p'tet plus tard, mais juste :
Perso de mes 17 à mes 25 ans j'étais en appart, déménagements tous les deux ans environ, après c'était un peu le foutoir dans ma vie (j'ai trente ans) mais là ça fait environ un an que je vis dans ma voiture (qu'un connard a flingué y'a 10 jours en reculant dedans avec une boule d'attelage, châssis et radiateur pliés, je dormais donc entre le choc et le chimique j'ai pas relevé la plaque, car bien sûr il(s) s'est (se sont) barré(s) donc ma maison est quasi-immobile maintenant, BREF !).
J'avais décidé, après avoir pas mal squatté, chez des potes ou dans des résidences secondaires (BZH) de vivre dans ma Clio 1 pour ne plus peser sur personne, et au final j'ai pris mes habitudes et, si je devrais reprendre un appart bientôt vu que je vais rebosser (donc ce serait bien de prendre une douche le matin avant de voir les clients), je garderai un super souvenir de mon an et demi en Clio : sensation de liberté, de ne rien devoir à personne et les économies que j'ai faites par rapport à un loyer ou une participation en squat... Ouf !
Edit : j'ai lu, et donc :
- Je me sentais bien et en sécurité dans ma caisse, si quelqu'un voulait me voir il savait en général où me trouver car je me garais souvent au même endroit (sous un lampadaire, pour lire la nuit ) En revanche si j'avais eu des soucis genre mauvaises relations avec des gens, dettes de drogue etc... Et bah j'aurais pas fait le fier dans ma Clio : une voiture devant, quatre bonhommes un pour chaque porte et voilà... Mais dans ma situation c'était magique.
Je nuance : j'ai une belle collection de CDs, environ 200 donc pas la place dans la Clio et ils m'ont manqué.
Et avec ces CDs, forcément j'ai plein de posters et tout, et ça j'aimais bien les avoir dans mes apparts... Car ça faisait ressembler mon lieu de vie à ce que j'étais, à ce que j'aimais. Forcément dans la voiture je les avais pas.
MG : Je note pour la ville LGBT par excellence, peut-être surmonterai-je ma peur des foules pour aller voir ça
Faust : Je me retrouve bien dans ton évocation de la chambre chez les vieux dont on ne sort même plus à la fin, dans mon cas c'est parce que souvent j'étais tellement défoncé que quand je voulais en sortir mes vieux me renvoyaient direct dedans pour ne pas faire peur à mes petits soeur et frère Mais aussi car c'était mon monde, et je m'y sentais bien...
Bref, chez soi c'est surtout là où on le décide, AMHA la sécurité en effet ça y joue, et il y a toujours des avantages et inconvénients... Comme dans la vie. Après, avoir un ersatz de véranda (je dis ça avec tout le respect) pour se dire qu'on a un peu d'extérieur à soi, c'est très secondaire selon moi. J'ai coutume de dire que j'ai le plus grand jardin du département, car dès que je sors je suis dedans et je n'y vois pas de clôture !
Mecru
Tout d’abord un grand merci pour ton témoignage fort intéressant!
Je me demandais, tu dis que le fait d’avoir vécu un an et demi dans ta voiture t’as donné une sensation de liberté et divers avantages. Mais n’a tu pas des appréhensions du fait de revenir dans un environnement ou t’auras des comptes à rendre? Dans un environnement où tu ne ressentiras peut-être pas autant de libertés?
En tout cas je vois que tu vivais plutôt bien le fait d’habiter dans ta voiture, est ce que ça a toujours été le cas, genre est ce que dès le début tu te sentais bien ou t’as eu besoin d’un temps d’adaptation?
Pour ce qui est de ta vision sur l’aménagement d’un extérieur je trouve ça cool le côté où tu ne te mets pas de barrières et ça accentue ta sensation de liberté. D’où ma question sur le fait de savoir si t’as pas des appréhensions à retourner en appartement!
Encore merci pour ton témoignage!
Plotchiplocth a écrit
(juste pour dire en passant que je trouvais votre échange intéressant et riche )
Merci c’est sympa d’avoir fait le détour! N’hésites surtout pas à interagir si ça t’inspire! :)
AidesCaarud37 a écrit
Nils1984 a écrit
Je crois que je suis un peu H.S (comme d’hab) mais…
J’ai eu pas mal d’apparts, à l’époque où j’étais pleinement autonome, mais tout ce que j’avais ne me suffisait pas, j’étais assoiffé de liberté, paradoxe complet : une fois à l’intérieur des murs, d’un espace perso je me prenais à rêver de (re)parcourir le territoire sac au dos, et une fois que je reprenais la route, je me prenais à désirer de revenir à la base, revenir chez moi. Aller le plus loin possible pour avoir envie de revenir. Réconfort plus que confort, un espace à soi qu’on peut aménager comme bon nous semble est l’un des paliers indispensables pour s’entendre chuchoter que « la vie est belle ».
Je sais qu’une humoriste de stand-up bien connue à jouer une scène dans laquelle elle rend visite à un type dormant sous tente, histoire de se rassurer elle-même de façon purement égoïste. Il y avait un commentaire d’une sans-abris disant que la plupart des personnes qui donne des coups de mains au sans-domiciles sont des merdes emplies d’arrière-pensées. Je suppose que cette humoriste a peut-être ici ou là bivouaquer sans pour autant avoir connue la dure réalité de la vie à la rue. J’ai aidé qui je pouvais quand je le pouvais avec la seule idée que « je fais pour eux ce qu’on a pas fait pour moi ». En quoi est-ce égoïste qu’une vieille dame à l’époque où quelques potes et moi faisions la manche à Valence donne sans hésiter un billet de 50 euros ? Chercher à se donner bonne conscience ? Chercher à se racheter ? Ma pensée ne va pas si loin, cette dame voyait bien que nous ne nous alcoolisions pas et que nous n’étions simplement que des jeunes paumés. C'est lorsque qu'on est privé de liberté qu'on prend conscience de ce que "liberté" signifie.
Aménager son espace perso c’est en ce qui me concerne la meilleure des expériences, tout comme déménager pour un nouvel endroit, faire sa première nuit dans un nouvel appart est parmi les choses que je préfère. C’est comme une réinitialisation de la psyché. Les anciens murs font place aux nouveaux. Et on se sent loin de la chute, à partir du moment où « tout devient réglo ». Le seul fait de s’éveiller tôt dans un espace qu’on s’approprie pour se faire un café dans une nouvelle cuisine reste parmi les moments les plus agréables. C’est ensuite que les choses parfois se corsent, quand les problèmes s’accumulent et que la routine s’installe. Les dégradations commencent, « on ouvre le loquet de la grille du taudis qu’on appelle maison »… Il faut une certaine discipline pour apprendre à être bien chez soi, entretenir ses lieux de vie, ne plus avoir la trouille d’ouvrir sa boite aux lettres, etc.
Je ne cesse de refaire la même expérience, j’ai toujours eu l’impression « d’être chez moi » quand disparaissent les épées de Damoclès…Tout d’abord merci d’avoir pris le temps de lire et de répondre, je ne m’attendais pas à des réponses aussi développées.
De ce que je pense avoir compris tu as un passé de nomade, je me demandais donc si tu t’y retrouves dans ce que j’ai écrit à ce sujet?
Je ne sais pas si j’ai bien compris mais en gros dès que tu t'installais dans un nouvel endroit tu prenais tes clic et tes clac et tu faisais le tour du territoire pour mieux revenir où tu t’étais installé?
Tu faisais comment pour t’héberger durant tes voyages?
Si je comprends bien tu n’avais pas besoin de te sentir “chez toi” aux endroits où tu voyageais puisqu’au bout du compte tu finissais par rentrer dans ton appartement que tu considères comme ton “chez toi”?
De ce que je vois tu essaye d’éviter la routine, c’est intéressant de voir que des personnes se sentent bien chez eux en changeant régulièrement de “chez-soi”, en réussissant à se projeter et se re projeter à chaque fois. Le côté réinitialisation de la psyché que tu évoque me parait très intéressant et les changements “radicaux” comme ça ça peut faire du bien à beaucoup de gens au moins une fois dans sa vie.
Peut-être que les nomades qui vivent dans la rue pensent de la même manière que toi à leur échelle, c'est-à-dire qu’ils sont originaires d’une ville et qu’ils font le tour de la France pour mieux revenir dans leur ville de référence.
La vie, l'histoire est microlocale. Je vis actuellement à Lyon 3, dans un "quartier" plutôt huppé. Jamais je n'ai vécu aussi longtemps dans un appart (j'y suis depuis 2014), j'y ai vécu un tas de trucs aussi exaltant qu'anxiogène, dès que j'ai commencé à entrer dans le militantisme et participer à dix mètres de chez moi aux nuits debout, c'était un sacré bordel. Du coup je me suis fait à la longue bien repérer, limite griller, sans compter les décrochages à la dure qui m'ont fait péter un câble, seul à gueuler chez oim, tournant en rond comme un animal blessé dans une cage. En me rendant compte que ça résonnait énormément pour le voisinage. Je passe ici pour un marginal, et j'espère pouvoir quitter cet endroit dès qu'une solution s'offrira à moi (post-cure possible à Annecy avec apparts thérapeutiques). En vrai, à la longue, la vie ici m'a soulé au possible. C'est toujours à partir de ces moments de profonde routine que je me prends à désirer me casser, tout envoyer en l'air. Mais ce n'est plus comme avant, lâcher un appart c'est suicidaire, car se reloger c'est faire face à une saturation quasi jamais atteinte en vingt ans. La routine donne envie de reprendre la route, on dirait limite une tautologie... je ne sais plus trop où j'en suis. Le climat conjoncturel délétère me touche de prêt, à tel point que j'en arrive à penser que ce n'est pas moi qui débloque, mais que je ressens/j'absorbe l'ambiance générale de la ville virer au maladif. Peu d'endroit sécure ici, si je pouvais au moins avoir le courage de partir à l'étranger, faire un virage à 160 degrés, passer les frontières, me tirer du tumulte qui vient, oublier le seul fait que je me sens plus en mesure de lutter contre ce système... et espérer que la jeune génération en bâtira un meilleur. Espoir d'un quasi quarantenaire. Trouver son chez soi ne veut pas forcément dire trouver sa place dans le système. J'ai eu quantité de tafs divers et variés, je me suis rabattu in fine sur l'écriture sans rien en attendre. Mais le seul faire d'écrire en cet instant me redonne un peu de force... inutile de préciser que les élections ont tellement flingué mon moral que je ne sais plus sur quel pied danser. Faire barrage au R.N cela va de soi, mais d'un autre côté je comprends qu'une certaine partie de la jeunesse immigrée appelle à l'abstention. Sorry je m'égare, j'écris au présent en m'éloignant de la thématique de base... mais tout se lie et interagit. On a jamais été aussi loin d'une possibilité de légalisation des drogues avec ce qui va nous tomber dessus. Je me rends compte que PA compte de nouveaux cercles, de nouveaux psychonautes, j'ai l'impression de n'avoir plus rien à y apporter sinon des tirades qui pour moi même m'effraie et parfois me rebute. Je pense contre moi-même en règle générale. Ce n'est pas le doute, c'est la certitude qui rend fou... j'espère trouver un jour un vrai "chez moi" entouré de gens que j'aime, mais je ne me fais plus d'illusions. N'appartenant à aucun cercle précis ni communauté, je me prépare depuis plus de cinq ans aux violences à venir. Malgré cet élan pessimiste, je saurais me ressaisir quand il le faudra. La vie sans opioïdes est vraiment étrange, je ressens chaque jour dorénavant qu'il me "manque" quelque chose, mais il n'y aura plus de marche arrière. Visions contradictoires sur la conso des drogues avec certaines personnes de ce site que j'aime profondément... sorry pour avoir dévié le sujet de base... prends soin de toi et à très bientôt, sur d'autres latitudes///
Nils1984 a écrit
j'ai l'impression de n'avoir plus rien à y apporter sinon des tirades qui pour moi même m'effraie et parfois me rebute. Je pense contre moi-même en règle générale.
Je suis un membre plus si neuf que ça (quoique) mais qui en tout cas alterne entre périodes de présence fréquente et dans ces moments-là je poste régulièrement, et absences prolongées. Tout ça pour dire que je ne suis p'tet pas le plus à même de dire ça, mais je pense que ce qui fait l'intérêt et la force de PA, pour ses utilisateurs comme en tant qu'interlocuteur crédible pour les organismes avec lesquels le site est en cheville, c'est qu'il y a tous les "walks of life" et chacun a son mot à dire et le droit à ce qu'on écoute ce qu'il a à dire. Donc personne n'a "plus rien à y apporter" comme tu dis, selon moi toujours :) En tout cas c'est comme ça que je me suis senti accueilli. Et bienvenue au club de ceux qui "pensent contre eux-mêmes en général", même si apparemment ce serait plus à toi de m'y accueillir car je suis plus jeune que toi à ce que je lis
AidesCaarud37 a écrit
Tout d’abord un grand merci pour ton témoignage fort intéressant!
Je me demandais, tu dis que le fait d’avoir vécu un an et demi dans ta voiture t’as donné une sensation de liberté et divers avantages. Mais n’a tu pas des appréhensions du fait de revenir dans un environnement ou t’auras des comptes à rendre? Dans un environnement où tu ne ressentiras peut-être pas autant de libertés?
En tout cas je vois que tu vivais plutôt bien le fait d’habiter dans ta voiture, est ce que ça a toujours été le cas, genre est ce que dès le début tu te sentais bien ou t’as eu besoin d’un temps d’adaptation?
Pour ce qui est de ta vision sur l’aménagement d’un extérieur je trouve ça cool le côté où tu ne te mets pas de barrières et ça accentue ta sensation de liberté. D’où ma question sur le fait de savoir si t’as pas des appréhensions à retourner en appartement!
Appréhensions à reprendre un appartement j'en ai, j'ai envie de dire bien sûr ça fera 4 ans en septembre que je n'ai pas eu à payer de loyer, d'assurances... La box je ne sais pas encore, ce sera si je me rends compte que mon Internet de téléphone ne suffit pas mais je n'ai jamais manqué, je me suis habitué à regarder les replays et à m'informer autrement que par les chaînes d'info dont j'étais très friand (pas taper siouplé je n'ai pas (totalement) perdu mon sens critique ), mais si je veux retrouver ma liberté je sors et je suis de retour dans mon "jardin" . De toute façon la voiture je ne l'ai jamais vu comme une solution pérenne, je suis trop pantouflard, mes premières grosses acquisitions ce sera une TV, une Xbox pour Fallout 4 et ce dont je me suis séparé en Hi-Fi pour, si je perds les avantages de la voiture, je récupère ceux du logement "classique" : descendre, mettre de la musique et boire son propre petit café...
Transition qui me permet de répondre à l'autre interrogation, sur les difficultés éventuelles à se mettre à vivre dans sa caisse... Eh bah ce qui a été le plus dur pour moi, ce n'était pas les regards dédaigneux de la plupart mais au contraire les gens qui venaient avec (de la vraie) compassion, et j'avais du mal à leur expliquer que c'était un choix pour moi ! Perso le côté confort et tout, même si je serai content de redormir sur un matelas car les sièges de Clio 1 ne s'allongent pas des masses, ça n'a pas été un gros problème. Je dormais avec un courant d'air car je ne supportais pas la buée sur le pare-brise au réveil, donc en janvier-fevrier je me suis parfois réveillé avec de la glace DANS l'habitacle, eh bah ce qui m'a le plus emmerdé ces jours-là c'est quand une dame qui habitait pas loin de mon spot venait avant de partir au taf m'apporter un kawa... Elle a fini par comprendre que ça me mettait vachement mal à l'aise et a arrêté, je lui à dit à la place de donner une petite pièce aux potos qui faisaient la cheum je ne sais pas si elle le fait... Car eux pour la majeure partie ne l'avaient pas choisi (au début de leur vie de zonard du moins).
Bref faut que j'y aille, je me suis déjà trop attardé sur ce post en tout cas content si mon témoignage a pu apporter qqch au schmilblick !!!
Mecru