Ayant eu l'occasion de tester à deux reprises le 1V-LSD ces dernières semaines, je pose ici un petit compte-rendu à l'usage des psychonautes en recherche d'infos sur cette substance que j'ai trouvée intéressante, en mettant le focus sur ce qui m'a paru remarquable avec le 1V par rapport au
LSD et aux autres lysergamides.
Sujet :Homme de 49 ans, 1.84m, plus ou moins 95kg.
Contextes : expérience n°1 avec un ami sur une plage quasi-déserte en Bretagne.
Seconde expérience au cours d'un
festival avec le même ami.
Dosages : Trip n°1 : 150µg répartis en 3 drops, un demi trip puis successivement 2 quarts
Trip n°2 : 150µg en 2 drops, une moitié à chaque drop +
MDMA après la montée.
Les deux expériences ont été très différentes, comme toujours avec les psychédéliques les notions de set & setting sont capitales.
Pour la première prise : montée lente et très progressive, plutôt douce. Intensification remarquable des perceptions, surtout visuelles et auditives. La contemplation de la nature environnante est particulièrement satisfaisante, les couleurs des algues sur le sable resplendissent, je remarque pour la première fois de ma vie le chant des patelles broutant sur leurs rochers alors que je viens en Bretagne depuis mon enfance, une véritable symphonie ambient. Je passe des heures à me promener sur la plage pour admirer ce qui m'entoure, le temps brumeux conférant une ambiance totalement mystérieuse et hors du temps à l'ensemble du tableau.
à 75µg (premier drop) aucune distorsion des perceptions : elles sont juste plus intenses, et ma capacité d'émerveillement sensiblement réhaussée. Je fais énormément de photos avec mon smartphone, tout en me disant qu'il faut absolument refaire ce type d'expérience, mais avec un appareil photo digne de ce nom et du matériel d'enregistrement. Je suis encore une fois bluffé par la capacité du
LSD et de ses petits frères à m'ouvrir les sens sur ce qui est habituellement devant moi sans que j'y prête grande attention. L'écoute de musique (du rock psyché pour l'occasion) sur une enceinte bluetooth est également très agréable, beaucoup de profondeur et d'émotions, un sentiment de connexion avec les musiciens...
Je redroppe un quart de carton, l'expérience prend une tournure plus introspective, presque un peu trop, avec une vague de questionnement un peu confus sur la nature réelle de l'ego, etc, etc...Dans la mesure où avant le trip j'avais posé pour intention la réflexion sur mon propre vieillissement et ma mortalité (oui je sais, j'ai des hobbies curieux) rien d'étonnant ceci-dit à ce que le trip ait pu prendre une tournure un peu métaphysique et légèrement mélancolique, renforcée par la météo brumeuse. Nette sensation de désorientation tandis que nous quittons la plage pour retourner nous poser au camping où nos tentes sont plantées, je ne parviens plus à me repérer dans un paysage que j'ai pourtant parcouru plusieurs fois. Au camping, présence (et bruit) des autres campeurs particulièrement désagréable, avec notamment la sensation que tout le monde autour de nous sait que nous sommes défoncés.
Cet accès de parano nous conduit à nous isoler à quelques centaines de mètres sur le site d'une ancienne abbaye : ici je constate de légères distorsions visuelles (les pierres de l'abbaye semblent respirer) mais rien de très spectaculaire. Il me semble que le 1V-LSD procure une expérience moins hallucinatoire que le
LSD et les autres lysergamides que j'ai pu tester (à savoir
1P-LSD et 1CP-LSD, avec lesquels j'ai expérimenté des distorsions visuelles très intenses). Dernier drop, un nouveau quart de trip, tandis que la nuit tombe. Nous trinquons au chouchen, particulièrement agréable et savoureux, l'ébriété légère que nous en retirons atténue fortement les sensations déplaisantes de confusion et de parano. Nous retournons tranquillement au camping où nous finissons notre trip en sirotant un peu de vin et, le temps s'étant dégagé, en admirant un ciel étoilé incroyable, d'autant plus incroyable qu'il y a des sources de lumière à proximité de nous et que nous ne devrions logiquement pas voir la Voie Lactée avec tant de netteté et de précision. La stimulation de nos perceptions est on ne peut plus effective, il ne s'agit pas simplement d'une hallucination. Le ciel étoilé m'apparaît comme un arbre immense et lumineux, ou un gigantesque campement vu du dessus, chaque étoile comme un petit foyer potentiel de vie, je sens une connexion très émouvante avec cette potentialité du vivant dans l'univers, un sentiment de communion. La mort n'est pas si grave puisque la vie est partout. Le trip descend en pente douce, nous finissons par aller nous coucher. Aucune sensation désagréable le lendemain sinon une légère fatigue.
Concernant la seconde expérience, je ne parlerai en détail que de la montée, en effet ayant ensuite candy-flippé mon trip avec de la
MDMA, il n'est pas représentatif de l'effet du 1V-LSD, je n'en ferai qu'un résumé.
Contrairement au premier test, apparition rapide des premiers effets en à peine plus d'un quart d'heure. Montée beaucoup plus nette et tranchée que la fois précédente, avec un bon gros mindfuck (nous ne comprenons plus rien) mais aucune anxiété (nous sommes morts de rire). Autant lors de la précédente expérience la présence de personnes extérieures au trip pouvait être ressentie comme menaçante, autant cette fois la foule bigarrée nous réjouit franchement, nous fonçons nous y perdre, freaks parmis les freaks. Je perds rapidement mon ami dans la cohue, nous restons simplement en contact via SMS pour nous assurer que tout va bien pour l'un comme pour l'autre, ceci posé nous vivons notre trip chacun de son côté, l'idée de chercher une personne dans la foule dans cet état étant juste irréaliste. Montée extrêmement agréable (une des meilleures de ma carrière sous psychédéliques
) sur un concert de M83 particulièrement adapté. La musique me coule dessus par vagues suaves et sensuelles, je danse les bras au ciel avec un sourire grand comme ça et les yeux écarquillés. En revanche, cette fois encore pas d'hallus ou de distorsions visuelles à proprement parler, seulement de la joie, une joie intense.
Au plateau je droppe une moitié d'
ecstasy, qui sera suivie quelques heures plus tard d'une autre moitié de
buvard sur un set techno tandis que des trombes d'eau nous pleuvent sur la gueule. Je danse comme un dément, je ne sais plus trop qui je suis, ni où, ni quand, et tout est fou, et rien n'est grave : je suis comme en congé de moi-même et ça fait du bien. Je finis par rentrer au petit matin au camping du
festival, complètement désorienté il me faut un temps considérable pour retrouver ma tente, je suis trempé et explosé, je décide de prendre une benzo pour pouvoir dormir. Le lendemain, je passe la journée à comater dans ma tente mais suis sur pieds le soir, sans effet indésirable notable (le côté zombie de la benzo est finalement le contrecoup le plus déplaisant de l'expérience).
Je dirai en conclusion qu'au terme de ces deux expériences, le 1V-LSD m'apparaît comme une variante très intéressante du
LSD, notamment par sa maniabilité : à dose équivalente les effets restent clairement plus doux que ceux de la molécule originale tout en donnant un aperçu assez exhaustif de l'expérience psychédélique, excepté (en tout cas à dosage léger/moyen) en ce qui concerne l'aspect visuel. Il ne faut à mon avis pas s'attendre à des hallucinations spectaculaires et je n'ai constaté aucun visuel les yeux fermés (mais c'est rarement le cas en ce qui me concerne), en revanche le voyage intérieur est plus que satisfaisant. Ce sera un bon 8/10