Quelques jours après, compilation d'un mail que je lui ai envoyé lorsqu'elle s'est absentée une journée et de mon ressenti, ressentiment profond"Un peu tiraillé par l'envie de te resserrer dans mes bras et de nous épargner un énième auredieu, parce que, sans le vouloir, la tempête de doute revient. Et puis je t'ai promis que ça se passerait bien si on dormait ensemble, ce que j'ai osé te demander, et c'est le cas. On s'est promis de ne pas coucher ensemble et on a tenu, c'est beau. J'étais heureux de pouvoir me blottir contre toi et de lutter contre le sommeil pour en profiter le plus possible. De sentir ton odeur de sueur, d’alcool et 1000 autres subtilités. Veiller à dosuler le moindre de mes gestes, à ne pas poser trop fort la main sur toi, pour ne pas basculer dans l'ambiguïté. Sentir certaines vibrations lorsque le sommeil te happe, m'amuser gentiment de tes petites ronflettes, Simplement savourer cet instant hors du temps, m'en satisfaire, sans douleur, disparue pendant ces quelques heures, sans attentes non plus et essayer de te transmettre une bienveillance pure, sans tâches, inconditionnelle.
Malgré ce que j'ai pu morflé depuis ces presque 3 ans - et ça fait bien plus longtemps que le carnage a commencé - ce que je ressens pour toi est toujours présent et sincère. Et c'est bien différent de ce que ça a pu être au début, mais c'est là, inéluctable, ça m'habite, m'obsède parfois mais ça mute. Le temps, la distance, les autres, la rancune, la peur ne suffisent apparemment pas à éteindre cet amour lumière. Alors il faut que je fasse avec, en essayant d'être le plus honnête et respectueux que possible. Et ça, même si la différence de ressenti était déjà différente depuis longtemps et que l'écart s'est énormément creusé depuis le dernier épisode. Je l'accepte, avec tout de même une peur énorme du pouvoir que ça te donne sur moi, mais je te crois assez sensible et sincère pour ne pas en abuser. J'ai mis mon cœur et mes tripes sur la table en espérant pouvoir comprendre où tu en étais mais tu n'as rien lâché, par la parole ou par le regard. J'ai parfois l'impression que ça t'agace et j'ai toujours peur d'être le relou, mais il m'est impossible de comprendre ce que tu ressens tellement tu t'es endurcie. Je t'ai proposé de mettre un terme à tout ça (même si on l'a déjà fait par le passé), de me tej' un bonne fois pour toute mais tu n’as pas voulu, avec un sourire qui se voulait sincère. Tu m'as dit être heureuse qu'on se revoie, que c'était le moment de démarrer une autre relation, de devenir 'pote'. Alors ok, j'essaie de m'adapter, sans m'enflammer, me faire de films. Ça a été une sacrée suite de punches cette saison alors que je me pensais définitivement blindé. Mais je veux pas mentir et me mentir, ça me rend malheureux et j'en ai marre qu'on me reproche de tirer la gueule, j'ai juste
mal, très fort
."
Le dernier acte, encore. Et comme les
sevrages d’opiacés, c’est de plus en plus dur. Il n’y aura pas de happy end, on a laissé passer cette occasion il y a déjà trop longtemps. On parle, enfin c’est plutôt moi qui parle, elle me regarde silencieusement, acquiesce. Commente parfois, des banalités, des évidences, qu’on ne se fasse plus de mal, qu’on soit bien tous les 2. Et tout remonte, revient. Les remords, la colère, le manque anticipé.
Les promesses d’un futur sombre m’étreignent, me coulent dans la gorge et ma seule consolation sera d’avoir essayé. D’avoir été sincère, d’arrêter de contenir un sentiment si puissant, parce que c’est une des rares belles choses qui percent encore la couche de merde qui recouvre le monde. Finir cette chute vertigineuse pour m’y étaler une dernière fois, en essayant de ne pas m’y complaire, parce que je ne m’en remettrais pas. Tenter de rebondir plus haut, plus fort que jamais pour redevenir celui que j’ai pu être, en mieux, en plus lumineux. Mais je ne veux plus de blindage, ce sont nos armures qui rendent les choses si complexe. Je ne peux plus vivre avec autant de violence, avec autant de souvenirs lancinants, d’attente terne et d’envies vide de sens. De me faire du mal sciemment, de repousser les limites de la fatigue, de la défonce pour jouir de douleur. Ne pas oublier cette dernière nuit, que j’ai demandé. D’être rester lové contre elle, pour la respirer.
Mais la peur m’ankylose, je n’arrive pas à prendre de décisions pour la suite. Me retrouver seul sur le campement, livré à la merci d’un service de santé sur le déclin, accepter de ne pas être une urgence malgré des crises de douleur d’une intensité terrible. D'encaisser les paroles de ce
doc' qui me dit "ben je peux pas faire grand chose pour vous mon bon monsieur". Retourner chez moi m'apparaît comme un suicide, je sais pertinemment que j'achèterais beaucoup de
came, pour en consommer sans limite. Lutter contre le passé, ne plus céder à l’autodestruction, à la colère. je me ressers un jaune pour m’en convaincre, une trace pour me rassurer. Les murs de ma prison se resserrent, je ne sais pas comment les éclater.