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Needle in the Hay 



Résumer tout mon parcours avec les substances serait trop long, alors je vais me concentrer sur la partie la plus problématique à mon sens et celle qui m’a le plus causé de tort. J’injecte des produits depuis huit ans maintenant, même si mon premier shoot était il y a dix ans. Après ce premier shoot, je n’ai pas fixé pendant deux ans, avant mon retour de New York. A New York, j’étais plein d’héroïne que je sniffais puisque je savais pas encore vraiment comment me shooter seul. Seulement, à mon retour en France, j’ai commencé à traîner avec des types qui vendaient du subutex, et comme j’avais aimé le skenan en premier shoot, je me suis dit pourquoi pas essayer le sub. Je kiffais pas mal, j’injectais régulièrement mais dans mon souvenir je dépassais pas les trois quatre shoot dans la soirée. Non, ce qui m’a donné vraiment envie de shooter constamment, c’est la coc. J’ai rencontré un gars qui m’a fait goûter la coc en IV et là j’ai découvert une espèce de nirvana qui allait me tirer sournoisement vers le fond. Pendant je dirais deux ans, je shootais occasionnellement, je « contrôlais » tant que faire se peut ma conso. Il y avait bien sûr des à côtés en sniff et oral mais c’est un autre problème. Mais plus les mois passaient, plus les séances shoot se rapprochaient, et plus je prenais mon pied. J’alternais coc et ketamine en intraveineuse, je mélangeais pas les deux produits mais c’était soit l’un soit l’autre. Et à chaque fois, le pied total, j’avais trouvé l’échappatoire idéal. Jusqu’à une certaine embrouille avec des amis qui m’a fait perdre pied. A partir de là, j’ai commencé à consommer tous les jours jusqu’à 15 shoots par jour, à me ruiner les bras, les veines, galérer à trouver la « main line ». J’ai chopé sept abcès en quelques mois, dont un qui a failli me coûter la jambe, parce-que je faisais ça soit chez moi d’une façon relativement safe, soit dans la rue comme je pouvais avec les types avec qui je chopais. J’ai perdu quinze kilos en l’espace d’un an. Je dépensais tout mon aah (je suis « borderline » selon mon psychiatre, mais j’en ai un peu rien à foutre de mon diagnostic) dans la coc. En quelques jours, cinq six au max, je n’avais plus rien. Je passais le reste du mois à vendre mes jeux vidéo et mon matos de musique pour pouvoir m’acheter mon produit, et les jours sans thunes, je les passais au lit, sans pouvoir bouger. Cette année là fut l’année la plus difficile de tout mon parcours « d’addict ». J’ai fait une cure que je n’ai pas supporté et dont je suis parti très vite. J’étais dans un rythme de conso effréné et rien ne pouvait m’enlever cette idée de la tête. Je prenais des risques inconsidérés (vraiment la RDR c’est pas pour rien que ça existe alors soyez prudents, y’a rien de pire que choper une infection ou autre à cause d’un shoot fait avec une seringue usagée ou du matos sale) qui me conduisaient à l’hosto tous les mois. Pour ma défense, il est difficile à une certaine heure dans la ville dans laquelle je vivais de se procurer du matos. Il existe un caarud, mais quand on est à court de matériel la nuit, la seule solution est de se taper deux heures de marche minimum pour aller à la distribox qui marche mal, donc autant vous dire que quand le besoin de conso est urgent, on a pas tellement la déter de se taper deux heures de marche pour choper une seringue propre,  d’où les comportements à risque. Aujourd’hui, je continue d’injecter plus ou moins régulièrement, mais je fais toujours attention à avoir du matos propre chez moi et je n’ai plus eu de problème ces deux dernières années, mis à part les veines indurées et certaines qui ne fonctionnent vraiment plus.

Tout ça pour dire que la coc m’a ruiné, physiquement, psychiquement, et même si je sens que peu à peu ça prend de moins en moins de place dans ma vie, notamment grâce au concerta, je sens encore que j’ai un long chemin à faire. C’est très dur. Mais bon, je tiens notamment grâce à ma famille et mes amis, qui ont été d’un soutien indéfectible et sans qui je ne serais probablement plus là. 

Peu de gens se rendent compte de la merde que je traverse parce-que quand on me voit je parais bien portant, relativement en forme la plupart du temps, bref peu de gens se doutent à quel point je suis enfoncé dans la dope, je n’ai plus envie d’imposer à mon entourage la même merde qu’il y a deux ans alors je fais le maximum d’efforts pour leur épargner les états où je ne contrôle plus rien. Ça reste cependant difficile à gérer au quotdien, mais je crois que j’arrive à faire bonne figure malgré tout, mais c’est un effort supplémentaire à fournir qui me fatigue. Aujourd’hui je suis vraiment fatigué de tout ça, et je fais ce que je peux pour tourner la page et avoir une vie plus saine, sans réellement y arriver pour le moment. Je sens qu’il va me falloir énormément de temps pour me remettre de tout ça, et que les épreuves à traverser sont encore nombreuses. Parfois je perds espoir, parfois je suis plutôt optimiste, mon mood varie vraiment du tout au tout et tout ça donne une charge mentale assez intense à supporter. Mon but n’est absolument pas de me plaindre, contrairement à ce qu’on pourrait peut-être penser en lisant ces lignes, mais juste de faire un état des lieux de mon état actuel. Bien qu’étant globalement mieux et plus stable, ça ne suffit pas et j’aimerais aujourd’hui arriver à me passer complètement de l’injection.

Voilà, c’est un peu long, mais je crois que c’est tout ce que j’avais à dire. J’espère que mon témoignage aidera des gens à se sentir moins seuls, car je sais que l’on est plein à traverser la même merde, et c’est dans ce but là que je l’ai écrit. Il faut qu’on s’accroche, malgré toutes les difficultés qu’on rencontre et qui nous pourrissent la vie, je crois que ça vaut le coup de tenir bon et de voir ce qu’il y a au-delà, alors n’abandonnez pas, on peut tous arriver à se passer de ces substances qui nous pourrissent je pense, en tout cas ça vaut le coup d’essayer.


A plus,

Catégorie : Tranche de vie - Aujourd'hui à  04:15

#cocaïne #injection #IV



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